lundi 30 avril 2012

Le toutou trop turbulent

Dans la catégorie « Tu t’aperçois que la lecture occupe une place importante dans ta classe quand…», une anecdote vécue dernièrement dans ma classe...


Tous les vendredis, je laisse un moment de jeux libres à mes élèves à la fin de la journée. Certains bricolent (le luxe lorsqu’une boîte de mouchoirs est vide), d’autres jouent à un jeu, d’autres encore écrivent ou lisent en duo (oui, oui!!) et deux élèves s’amusent à l’ordinateur…

Une de mes cocottes fait toujours la même chose : elle joue au professeur. Parfois, elle se trouve des cobayes amis à qui elle peut bosser enseigner; parfois, elle est seule et enseigne à des élèves invisibles. Elle s’installe au tableau, écrit des mots ou des phrases et parle et parle et parle encore…

L’autre jour, sa façon d’enseigner a changé. Ma cocotte a installé les toutous du coin lecture par terre et elle s’est assise sur ma chaise berçante avec le livre « J’élève mon monstre », qui traînait sur mon bureau. Et elle a commencé :

-          - Aujourd’hui, je vais vous lire « J’élève mon monstre ». L’auteure, c’est Élise Gr…Gr…Gravel.

Discrètement, je l’observais.

-         - L’illustrateur, c’est… Ben, y’a qu’un seul nom. Ça veut dire que l’auteure et l’illustrateur, c’est la même personne. C'est Élise Gr..Gravel. 

J’avais sérieusement l’impression d’être imitée. À chaque page, elle lisait le nom du monstre et le début du texte. Ensuite, elle se tannait et inventait la suite. À certains moments, elle avertissait même ses élèves turbulents.

-         -  Toi là, fais pas ça! Si tu continues, tu vas être en punition.

Bon, je n’ai jamais dit ça à un élève, mais j’imagine qu’on a tous nos façons de demander le silence…

Tout à coup, elle s’est levée, a pris le toutou grenouille par la patte et est venue me trouver pour me demander de le surveiller. 


- Il dérange pendant l’histoire, m’a-t-elle dit.
- Ah! oui?  Qu’est-ce qu’il a fait?
- Il a dit que les illustrations étaient pas belles!

Une chance qu’elle n’a pas à évaluer « Apprécier des œuvres littéraires »! 




dimanche 22 avril 2012

Du plaisir de trouver les noms...




Lorsque j’écris un roman jeunesse, j’adore trouver les noms des personnages et des lieux. Dans Cordélia et la montagne mystérieuse, je me suis amusée à chercher des noms représentatifs. Après tout, ce livre est un peu un hommage à mon classique préféré Fifi Brindacier et les noms de lieux (comme la maison Drôlederepos) sont des personnages en soi. Ce n’est pas non plus un secret que le prénom « Cordélia » est un clin d’œil à Anne… la maison aux pignons verts, une œuvre qui m’a marquée.  Dans ma toute première version, mon personnage s’appelait Cassiopée, comme la constellation du même nom, car la jeune rouquine avait tellement de taches de rousseur qu’on aurait dit qu’elle avait une constellation sur le visage.

Lorsque Bayard a accepté mon manuscrit, j’ai dû le couper de près de 2000 mots pour qu’il cadre dans la collection Cheval masqué. J’ai donc dû faire de nombreux changements. Parmi ces changements, il y a le toponyme qui a été modifié. J’ai hésité jusqu’à la toute dernière révision avant de changer Saint-Georges-du-Grondement (nom d’origine) pour Saint-Gontran-du-Grondement. C'est ma dirlitt qui m’avait suggéré de jouer avec la sonorité du « g dur ». J’aimais beaucoup son idée, mais j’aimais la raison de mon Saint-Georges. J’ai finalement opté pour Saint-Gontran, car c’est plus rigolo pour des lecteurs de 6 à 9 ans.

Mais, juste pour vous, et parce que c’est la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, je vous fais part de mon raisonnement lorsque j’ai trouvé, pour la première fois, le nom de ce qui deviendra le village de mon personnage, un village qui a encore des histoires à raconter, un village que j’imagine ressembler un peu au Saint-Élie-de-Caxton de Fred Pellerin (mais pas tout à fait).

Je cherchais d’abord un toponyme qui sonne village québécois et j’ai donc opté pour « Saint », sans savoir lequel donnerait son nom à l’endroit tant détesté par Cordélia. Je me disais que parmi tous les personnages canonisés, il y en avait bien un qui avait un lien avec un dragon, un « Saint-Quelque chose », dans le temps où les dragons existaient! (Que ce soit symbolique ou légendaire… Saint-Patrick a bien chassé des serpents d’Irlande!) Croyez-le ou non, mais il existe bel et bien un personnage tiré des histoires chrétiennes qui a terrassé un dragon : San Jordi, patron des Catalans, aussi connu sous le nom de Saint-Georges. Et Saint-Georges pourrait être à la fois un village québécois ou français, tout en étant fictif (le «du-Grondement» nous rappelle le bruit qui effraie les villageois). Comble de bonheur, mon livre est en quelque sorte une ode à la lecture et Saint-Georges est célébré le... 23 avril.


Bonne Journée mondiale du livre et du droit d’auteur! 

Bonne visite à Saint-Gontran-du-Grondement!





jeudi 12 avril 2012

Prête pour le SILQ




Mes signets et mes crayons sont prêts! 
Je serai présente au Salon international du livre de Québec avec mon mini-roman
«Cordélia et la montagne mystérieuse»

Photo prise au SLTR, 1er avril 2012

N'ayez pas peur, à Québec, je n'aurai pas de poissons à vous coller dans le dos,
comme je l'ai fait au SLTR il y a deux semaines. 

Venez me piquer un brin de jasette au stand de Bayard Canada (511)

Samedi, 14 avril de 17h à 18h

Dimanche, 15 avril de 13h à 14h

jeudi 5 avril 2012

Le « temps de projet » pour cultiver la créativité


L’imagination, ça se cultive. J’y crois. Et avec la vie quotidienne qui roule souvent trop vite, je trouve que les enfants n’ont pas tous la chance de faire pousser leur créativité.

Depuis plusieurs semaines, mes élèves de 1re année ont du temps pour eux le matin. On appelle ce moment le « temps de projet ». Après avoir défait leur sac et remis leur devoir dans le panier, ils peuvent aller lire au coin lecture (seul ou en duo), écrire des messages, faire un projet personnel d’écriture ou aller au coin des drapeaux. Je leur laisse une quinzaine de minutes, parfois davantage lorsque je vois que tout le monde s’investit à une tâche. Si je les vois bavarder ou déranger les autres, comme s’ils étaient en récréation, je coupe ce temps personnel et nous entamons le travail, tout simplement.

En quoi consiste le projet personnel d’écriture? Ça dépend vraiment des élèves…

Crédit: Paul Gooddy- freedigitalphoto.net
Chaque jour, souvent en après-midi, je leur lis un livre. Parfois, cette lecture allume une étincelle chez un élève. Lorsque nous avons travaillé « J’élève mon monstre » d’Élise Gravel, des élèves se sont mis à créer de nouveaux monstres domestiques. D’autres fois, je leur fais des suggestions. Toujours dans le thème des monstres, j’ai dit à mes élèves : « Ce serait une bonne idée de créer un livre de recettes pour monstres! » Deux garçons se sont lancés dans l’écriture de recettes pour monstres : soupe aux enfants, sandwich aux rats…

D’autres ont parfois leurs idées personnelles de projets. Ainsi, une élève qui recevait la visite d’un écureuil dans sa cour a décidé de faire une liste d’aliments qu'elle pourrait lui donner à manger, car elle voulait l’adopter. Un camarade de classe lui a fait remarquer qu’elle ne peut pas adopter l’écureuil, mais qu’elle pourrait l’apprivoiser. Plus tard à la bibliothèque, elle a cherché un documentaire sur les écureuils. Une autre fille a décidé, de son côté, de créer un livre pour filles seulement. Elle écrit des phrases sur une fille qui se maquille et qui porte du vernis à ongles.

À travers leurs projets, les élèves apprennent à utiliser différents outils pour trouver l’orthographe des mots. Au début, plusieurs venaient me demander d’épeler les mots. De plus en plus, ils apprennent à chercher ailleurs (mots-étiquettes, livres et dictionnaires). L’apprentissage le plus significatif est sans doute de terminer ce qu’ils commencent. Ce n’est pas évident pour tous.

Ce n’est pas une période de dessins ou de coloriage, mais s’ils ont terminé leur partie « écriture », ils peuvent l’illustrer. De même, s’ils ont besoin de l’ordinateur pour recopier leur texte, je leur permets de l’utiliser. Lorsque je ne suis pas avec un élève pour l’aider à corriger son texte, ce moment de la journée me permet de faire des entretiens de lectures (un élève à la fois vient me faire la lecture).

Depuis trois semaines, je lis à l’occasion des poèmes à mes élèves. J’ai commencé par les recueils de poésie de Guy Marchamps, mais nous avons aussi découvert le recueil « J’aime les poèmes » d’Henriette Major. Les illustrations poétiques et colorées de Philippe Béha plaisent beaucoup à mes élèves.

Hier, une fillette de 6 ans a décidé d’occuper son temps de projet à m’écrire un poème. Elle l’a ensuite illustré et me l’a glissé dans une enveloppe qu’elle a fabriquée. Lorsqu’elle me l’a remis et me l’a lu, elle m’a expliqué qu’elle avait eu l’idée de ce poème parce qu'elle aime beaucoup l’école.  


L’école, c’est la vie.
L’école, c’est drôle.
L’école, j’aime sa*.
L’école, c’est la terre.

(Florence, 6 ans)


*  Le texte est recopié tel quel. Je suis revenue sur cette faute et lui ai expliqué la règle du ça/sa.