La 29e édition du Festival international de la Poésie
de Trois-Rivières vient de se terminer. Le FIP, c’est 10 jours, 100 poètes, 30
pays, 5 continents, 375 activités.
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Photo: quoifaireauquebec.com |
Il y a une dizaine d’années, enfants et adultes étaient
invités à écrire des poèmes et à les afficher sur la corde à linge des poèmes qu’on retrouve au centre-ville. Caroline Ricard, enseignante de maternelle à la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, voulait faire participer davantage nos élèves. Elle a démarré et chapeauté (et le fait encore!) l’activité Poètes itinérants. Les classes sont invitées à partager leur amour de la poésie avec la population en sortant des murs de leur école et en allant réciter des poèmes dans un lieu public. Depuis plusieurs années, mon amie Caroline me demande d’y participer. « Oui, quand je serai titulaire, j’y participerai! » J’ai tenu ma promesse. Pour une deuxième année consécutive, mes élèves enfilent leur chandail « Poète au travail » et nous nous dirigeons vers la Chasse-Galerie, un café situé à l’UQTR.
À 5 ans, on découvre la poésie
Pour plusieurs enseignants, faire participer des enfants de
5 ans peut paraître une tâche ardue. Pourtant, cette activité est idéale pour
travailler la conscience phonologique en classe. On s’amuse avec les mots, on
joue avec les rimes. Dès septembre, j’explique ce qu’est la poésie à mes
élèves. Pour ce faire, j’adore le livre « J’aime les poèmes »
d’Henriette Major. Je récite à mes élèves le poème « À quoi ça sert, un
poème? » et on en discute. Tous les matins, l’ami du jour choisit une page
du recueil de poésie « Bêtes » de Guy
Marchamps (encore et toujours
notre poète préféré), publié aux éditions de la Bagnole. Je leur lis un poème
par jour et on s’amuse à trouver les rimes. Entre temps, on apprend deux
poèmes.
Cette année, nous avons appris
ABCD de Gilles Vigneault, que nous avons
récité collectivement avec les élèves de la classe de ma collègue. Nous avons
aussi appris le poème
Mois d’automne, trouvé sur Internet. Pendant trois semaines, les enfants ont ce
défi à la maison : apprendre nos 2 poèmes. Mais au bout de quelques jours,
ils le connaissent bien. Entre temps, je
leur explique que nous participerons au FIP et que nous irons réciter nos
poèmes à l’université, l’école des grands. Je rassure les plus timides :
nous les réciterons en groupe, nous serons audacieux en groupe. Plus les jours
avancent, plus les enfants ont hâte de participer à l’activité. Bien sûr, les
parents sont invités…
Visite d’un poète
Lorsqu’on participe à cette activité, on a droit à la visite
d’un poète en classe l’année suivante. Cette année,
Claude Paradis (Québec) est
venu discuter poésie dans la classe. Les jours précédant, on prépare sa
visite : Comment fait-on pour accueillir un invité dans notre classe? Que
peut-on faire pour le remercier de venir nous voir? Cette année, nous lui avons
fabriqué une carte collective. Une autre année, nous pourrions créer une grande
affiche lui souhaitant la bienvenue ou lui écrire un poème…
Juste avant de nous visiter, alors que nous étions en
causerie, l’alarme d’incendie a retenti. C’était l’habituelle « pratique
de feu ». Même si on savait que ça arriverait bientôt, le son nous a fait
sursauter. Plus tard, lorsque nous avons reçu le poète en classe, il nous
a expliqué qu’il écrit sur ce qu’il vit, ce qu’il ressent et nous a proposé d’écrire
un poème sur l’incident survenu plus tôt. Avec l’aide de M. Paradis, mes élèves
ont inventé leur premier haïku :
Assis sur le tapis
Cri d’alarme
Madame Julie ferme les fenêtres
Les élèves ont décidé de l’ajouter aux poèmes à réciter à l’UQTR.
Parce que des chansons, c’est aussi de la poésie
La veille de notre activité Poètes itinérants, un garçon a
fait la remarque suivante : « Une chanson, c’est de la poésie avec de
la musique. » Il a raison, si on ajoutait de la musique, notre poème
serait une chanson. « Peut-être qu’on pourrait ajouter de la musique, Mme
Julie? » Je suis d’accord, mais comment peut-on faire? « Sors ton
ukulélé! » Oui, mon ukulélé est toujours dans ma classe, pas trop loin. J’ai écouté mes élèves et essayé quelques accords, en leur
demandant de bien écouter. F F F C…
Spontanément, nous avons chanté notre poème Mois d’automne. Au dernier ver, un
élève a proposé une fin différente. Et jolie. Mais je ne connaissais pas les
accords. Nous avons fait appel à notre directeur, qui est également guitariste.
Il est venu dans la classe, s’est assis et nous a écouté chanter. Il m’a
proposé quelques accords, que j’ai essayés. Après quelques essais, nous avions
notre chanson. Mes élèves, entre eux, se
sont dit de ne pas la chanter à la maison, qu’on devait garder notre
poème/chanson comme surprise aux parents.
Jeudi le 10 octobre : Jour tant attendu
Le jeudi, en avant-midi, nous avons enfilé nos chandails « Poète
au travail » et nous avons marché vers
l’UQTR, avec quelques parents. D’autres
nous attendaient à la Chasse-Galerie. Une fois installés sur scène, à 10h, l’heure
de la pause des étudiants, nous avons commencé notre présentation. Nous avons d’abord
récité notre poème Mois d’automne comme nous l’avions appris, pour ensuite le
chanter. (L’avantage du ukulélé, c’est que ça se transporte facilement!) Devant
moi, mes élèves (même les plus timides) étaient souriants et m’ont
impressionnée. La Chasse-Galerie nous a donné un jus. Les élèves étaient donc
fiers!
Lorsque nous avons fait un retour sur l’activité, je sentais
mes élèves fébriles. Un par un, ils me disaient ce qu’ils avaient aimé. Par
commencer par Marilou, qui a réussi à me donner des frissons :
-
J’ai aimé quand on a fait les poèmes. J’ai vu
dans les yeux de mon papa qu’il était surpris et qu’il me trouvait bonne!
- Oui, ton papa était ému et fier!
Les autres ont parlé de fierté lorsque les gens les ont
applaudis, de sourires, de la surprise de voir grand-maman, de la belle promenade pour se rendre, des toilettes automatiques…
Cette activité, vécue si tôt dans l’année, m’a permis de
mieux connaître mes élèves, de créer un sentiment d’appartenance dans le
groupe, de pousser nos limites. Le Festival de poésie s’est terminé hier. Nous
en gardons un bon souvenir et continuerons cette année de jouer avec les mots.
L’an prochain, ce sera la 30e édition du FIP et
la 10e de l’activité Poètes itinérants. Dans ma classe, on fêtera ça
en grand! Qui veut se joindre à nous?
Site officiel du FIP
Poètes itinérants:
En 2013, c'est 351 participants, de la maternelle à l'éducation aux adultes.