samedi 22 décembre 2012

Une histoire en cadeau


Pour Noël à l'école, mes collègues et moi ne voulions pas trop d'activités regroupant tout le monde. Après un automne très chargé, nous voulions vivre cette période avec nos élèves, dans le confort de nos classes. Nous avons vécu un superbe spectacle mardi après-midi, où les parents étaient bien sûr invités. Avec la générale du lundi après-midi et le spectacle du service de garde à la fin des cours le mercredi, l'horaire de l'école était suffisamment rempli. 


Par contre, tout le monde s'entendait pour dire qu'une activité de lecture, une variante de la lecture en folie, était un beau cadeau à offrir à nos élèves. Le comité de Noël a préparé la formule, toute simple, mais efficace. Une liste a été créée et les enseignants devaient inscrire leur nom sur la case d'une autre classe. On devait choisir un niveau différent du nôtre. Chaque enseignant devait trouver son album à lire, pour une animation d'une quinzaine de minutes. 

Jeudi à 10h15, nous devions sortir de notre local et rejoindre les élèves à qui nous offrons une histoire, dans leur local.  Je suis allée animer un conte de Noël à des élèves de première année. Les élèves savaient qu'il y aurait un invité surprise, étaient sagement assis à m'attendre à leur pupitre. Lorsque je suis entrée, nous sommes allés nous asseoir dans le fond de la classe. J'ai choisi un petit lutin pour m'aider dans mon animation. 

À 10h30, lorsque j'ai terminé mon histoire, des élèves ont levé la main pour me demander si je pouvais la relire (en choisissant un nouveau lutin). C'était l'heure de la récréation pour les enfants du primaire...

Quand je suis allée rejoindre mes élèves dans la cour d'école après le dîner, j'ai reçu plusieurs sourires et des  "Bonjour, madame Julie" d'élèves de première année. Certains sont même venus me voir pour me remercier de leur avoir lu une histoire.

Cette activité toute simple, en plus de promouvoir la lecture, montre à nos élèves que les adultes aiment lire et juge la lecture assez important pour tout arrêter afin de s'offrir un petit moment de détente. Et surtout, elle crée de nouveaux liens, dans un autre contexte entre des élèves et les enseignants que les enfants connaissent moins.

samedi 15 décembre 2012

Promouvoir la littérature jeunesse d'ici


La présence du numérique, le manque de visibilité dans les médias et les librairies, les grandes chaînes de magasins rendant la survie des petites librairies difficile, le tsunami de livres jeunesse publiés chaque année, la compétition étrangère... nombreuses sont les raisons qui expliquent la crise que nous vivons dans le milieu de la littérature jeunesse. 

Club de lecture Livromagie 2012-2013,
Communication-Jeunesse - Jean Morin
Dans les années 70, peu de livres jeunesse étaient publiés au Québec. Au beau milieu de cette crise, des gens se sont regroupés et ont créé Communication-Jeunesse. Sans vouloir faire de politique et accuser l'un ou l'autre des acteurs de la chaîne du livre, j'espère sincèrement que nos associations d'auteurs et d'illustrateurs, les éditeurs, les distributeurs, les libraires cesseront de s'accuser ou de se lancer la balle et s'assoiront tous ensemble afin de trouver des solutions pour redonner ses lettres de noblesse à notre littérature québécoise (et canadienne française).  J'y crois!

Comme auteure, enseignante et passionnée de littérature jeunesse, que puis-je faire? me suis-je demandé dernièrement. Encourager les librairies indépendantes? Convaincre mon entourage du bien d'acheter québécois? Comme enseignante, mon rôle est de faire découvrir le plaisir de lire, peu importe d'où viennent ces livres. Il est important que les enfants soient mis en contact avec d'autres réalités. Par contre, il est important aussi de rendre accessible notre littérature, notre culture. Nous avons de très bons auteurs, il se fait d'excellents livres ici et, trop souvent, le système ne leur laisse pas le temps de se faire découvrir: après trois mois, ils disparaissent des librairies. J'ai une profonde admiration pour nos illustrateurs. Permettons à nos élèves de les connaître! 

J'ai voulu ajouter ma petite contribution toute simple afin de faire découvrir nos livres. C'est pourquoi j'ai commencé à créer des listes Pinterest sur des thématiques exploitées à l'école ou aimées des jeunes: Noël, les monstres, les pirates... Le but est d'en faire des bibliographies exhaustives de livres 100% québécois (et canadiens français) sur plusieurs sujets. Vous pouvez retrouver ces listes dans la section « Livres d'ici » (voir le menu de droite). J'invite les blogueurs à créer une section du genre sur leur propre blogue et à partager mes listes Pinterest. Si quelqu'un veut collaborer à la création de telles listes, contactez-moi (nous pourrions cibler des thèmes différents).  Aussi, si j'ai oublié des livres sur certains sujets, envoyez-moi le lien du livre et je l'ajouterai avec plaisir. 

L'utilité de telles listes?

- Permettre aux gens de découvrir des livres d'ici sur différentes thématiques.
- Permettre aux techniciens et bibliothécaires d'avoir des listes de livres d'ici pour promouvoir les livres et créer des présentoirs thématiques.

Cette initiative n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, mais c'est grâce à ces gouttes d'eau que les océans existent. 

vendredi 16 novembre 2012

Petits poèmes bêtes mais gentils


La poésie n'est pas un genre littéraire qu'on a tendance à lire aux tout-petits. (Et j'ai le goût d'ajouter un gros «malheureusement») Pourtant, les enfants adorent! On joue avec les rimes, avec les sons, avec la musique des mots.  Depuis qu'ils ont participé au Festival international de poésie avec l'activité «Poètes itinérants», mes élèves de maternelle ADORENT que je leur récite des poèmes. Parfois, pendant les routines du matin, nous prenons quelques minutes pour lire un poème de Guy Marchamps (leur poète préféré!) et jouer avec les rimes, deviner les rimes suivantes... Nous lisons surtout des poèmes tirés des recueils parus aux éditions Soulières dans la série Des pépites de poésie.  J'en avais parlé

Le 4 novembre, Guy Marchamps a lancé son tout nouveau recueil de poésie, un bestiaire illustré par le duo nommé Bellebrute publié à La Bagnole. Sur la couverture, le titre est Bêtes, choisi par l'éditrice, mais sur la quatrième de couverture, on retrouve le titre préféré par l'auteur: Petits poèmes bêtes mais gentils

Le lendemain, j'apportais l'album en classe pour le faire découvrir à mes cocos. C'est un bestiaire d'abord et avant tout ludique. Sur chaque double page, on retrouve deux animaux reliés, même si chaque poème peut être lu indépendamment l'un de l'autre.  Dans ma classe, l'ami du jour choisit l'animal de son choix, on observe l'illustration, on en discute, on essaie d'imaginer ce que le poème raconte. Puis, je leur récite... en laissant les enfants le temps de deviner les rimes. (C'est qu'ils sont bons!) Et en plus de s'amuser, on apprend! Bref, un beau livre pour travailler la conscience phonologique. 

Pour les élèves du primaire, un petit plus à cet album: tous les noms communs sont facilement identifiables (police de caractère légèrement différente, en toute subtilité). Ce serait un bon livre pour travailler l'ordre alphabétique. Ou on pourrait créer un dictionnaire à partir des noms communs trouvés. Ou pourquoi ne pas écrire un poème sur un animal de notre choix et illustrer à la manière de Bellebrute? Les possibilités d'exploitation de cet album sont nombreuses...

Bêtes
Petits poèmes bêtes mais gentils
Guy Marchamps/Bellebrute
Éditions de la bagnole

«Un bestiaire pour les enfants qui aiment les animaux et les mots.Un bestiaire pour les adultes qui aiment les enfants qui aiment les animaux et les mots.Un bestiaire pour tous les gens qui aiment les bêtes gentiment.»

Cadeau offert par les éditions de la Bagnole sur leur page Facebook




lundi 12 novembre 2012

Salon du livre de Montréal, j'arrive!


La 35e édition du Salon du livre de Montréal débute ce mercredi sous le thème "Les auteurs en tête d'affiche"!

J'y serai le samedi, 17 novembre en après-midi pour signer "Cordélia et la montagne mystérieuse" et j'ai hâte, hâte, hâte! Pour l'ambiance, pour revoir les copains auteurs, pour toutes les rencontres. 

Passez me saluer au stand Bayard Canada (347) de 13h00 à 14h00 et aussi de 16h00 à 17h00.

Si vous avez l'âme généreuse, pourquoi ne pas offrir la lecture en cadeau à un enfant défavorisé? Vous pourriez même faire dédicacer un livre par un auteur présent au SLM. Cette année, une nouveauté: on peut aussi offrir un livre à un tout-petit (0 à 4 ans). Les stands 101 et 341 seront occupés par la Fondation pour l'alphabétisation

Au plaisir!


Fondation pour l'alphabétisation

Lecture en cadeau au Salon du livre de Montréal


mercredi 17 octobre 2012

On parle de Cordélia et de Morgane


Il y a de ces journées qui sont comme des cadeaux! Après une superbe journée avec mes adorables élèves, une soirée portes ouvertes où de nombreuses personnes souriantes sont venues visiter notre école, voilà que je rentre à la maison et qu'une amie m'envoie le lien d'une critique de mon livre Cordélia et la Montagne mystérieuse sur le Signet des enfants

La cerise sur le gâteau est lorsqu'une autre amie m'envoie le lien d'une classe de 4e année de l'Alberta, ayant interprété la chanson qu'on retrouve vers la fin de mon livre Un spectacle pour Morgane, livre lu par des dizaines de classes dans le cadre du projet Écouter lire le monde. Bravo à tous les élèves de 4e de l'école du Sommet! 

Totalement lux!

lundi 1 octobre 2012

Une histoire en pantoufles


Parce que les bonnes idées doivent être partagées.

Le texte qui suit a été écrit par mon amie et ancienne collègue Manon Carrier, de l'école St-François d'Assise à Trois-Rivières, au sujet d'une activité qu'elle a créée et que nous avons vécue avec nos collègues et tous les élèves de l'école. J'ai eu la chance d'y participer à titre de lectrice (et au choix des livres) et, tout comme les élèves, j'ai A-DO-RÉ. Une activité à revivre, indubitablement.


Une histoire en pantoufles 

Petits pieds au chaud dans leurs pantoufles, lumières tamisées, musique d’ambiance… Les élèves de l’école St-François d’Assise ont eu droit à une heure du conte tout en douceur. 

Mardi le 21 février, les cours sont suspendus dans toutes les classes. De nouveaux groupes sont formés : les garçons avec les garçons, les filles avec les filles, les petits avec les petits, les grands avec les grands. Un album québécois a été choisi pour chaque groupe et des adultes-lecteurs ont été sélectionnés. Ils ont préparé leur lecture avec soin; ils attendent leurs élèves avec une certaine nervosité. Les voilà. Ils arrivent. Ils s’installent par terre, regroupés devant leur lecteur. L’histoire commence… 

Les « gars » reçoivent en cadeau une histoire de « gars » lue par un adulte-lecteur « gars ». Même chose chez les filles. Les lecteurs prennent le temps de présenter la couverture, de parler de l’illustrateur, d’amener les élèves à anticiper le sujet… Certains adultes-lecteurs ont prévu un décor, des accessoires; d’autres alimentent l’heure du conte d’une discussion. En parcourant les corridors de l’école, à travers les portes des classes entrouvertes, on n’entend que la voix du lecteur, expressive et dynamique, et on perçoit, à l’occasion, le rire des enfants, leurs exclamations, leur étonnement… 

Quand la lecture est terminée, chaque élève reçoit un petit livre en papier sur lequel il inscrit son nom et le titre de l’histoire reçue en cadeau ce matin-là. Il ajoute une touche de couleur et va coller ce livre sur un des « arbres à livres » qui trônent fièrement devant le secrétariat et devant la bibliothèque. 

C’est ça, une histoire en pantoufles. C’est un moment de détente, de rencontre, de calme et d’ouverture… autour de la lecture.


mardi 25 septembre 2012

Départ en lion... (dromadaire, fennec ou scorpion?)


C’est fait! L’année scolaire est bien entamée, les routines de la classe commencent à être bien intégrées. Déjà, je peux dire que nous passerons une belle année, mes élèves et moi, et que nous voyagerons beaucoup, dans le confort de notre local.

Ces jours-ci, nous découvrons le Maroc et le désert. J’en avais parlé ici, deux auteures pour la jeunesse, Katia Canciani et Annie Groovie, participent au rallye Roses des Sables. Nous suivrons leur périple.

Une rose des sables
Lorsque j’ai expliqué à mes élèves le rallye auquel les deux auteures participeront et que je leur ai proposé de les suivre, tous étaient emballés. D’ailleurs, deux jours plus tard, un élève nous apportait une vraie rose des sables, dans une petite boîte. Nous avons discuté de ce que nous connaissons du désert. Je leur ai demandé s’ils voulaient poser des questions à nos deux aventurières. Les mains se sont levées, tout le monde avait son mot à dire. Nous leur avons écrit une lettre collective. C’est à travers cette activité que nous avons travaillé la différence entre une question et un commentaire. À cinq ans, ce n’est pas évident!

Certains élèves avaient des questions, d’autres désiraient ardemment donner des conseils aux aventurières. Nous avons pris la décision d’envoyer notre lettre par courriel, car c’est plus rapide que la poste. Le lendemain, nous recevions un courriel de Katia, qui répondait gentiment à nos questions. Avant de lire les réponses, j’ai demandé à l’élève concerné quelle était sa question. Je m’attendais à des « Je m’en souviens plus », mais non, tous les élèves ont bien répondu.

Voici les questions de mes élèves :
- Quelle couleur et quelle sorte sera votre véhicule?
- Où allez-vous dormir? 
- Est-ce qu’il y a des chameaux ou des dromadaires dans votre désert?
- Est-ce que vous allez visiter des châteaux ou des cités perdues?
- Est-ce qu’il y a des enfants et des écoles dans le désert?

Voici maintenant leurs conseils :

On a fait une liste pour vous deux des choses à ne pas oublier :
- Un gallon d’eau et des roues et des outils au cas où les roues se dégonflent
- Du gaz et à manger
- De la crème solaire
- Des parapluies au cas où il y ait une tempête de sable
- N’oublie pas de l’eau
- Une carte pour pas se perdre
- Des ustensiles pour manger
- Une tente avec des piquets et des cordes et un marteau pour pas que la tente s’envole
- Un mini-frigidaire pour la nourriture
- Oublie pas ton linge
- Un livre au cas où vous voulez lire et une montre

Si vous désirez lire les réponses de Katia Canciani, je vous invite à visiter la page Facebook de l’équipe. Katia nous a écrit le 11 septembre. Elle nous a appris, entre autres, que le rallye a aussi une composante humanitaire, nous expliquant ce que « humanitaire » veut dire.  

Depuis, de nombreuses autres questions ont surgi au sujet du Maroc et du désert. Nous explorons les documentaires sur ces sujets et y puisons peu à peu nos réponses.  Aussi, nous continuerons de découvrir les albums de nos deux amies auteures.

En octobre, nous travaillerons sur notre premier module de recherche qui nous amènera à nous questionner sur les différences et les ressemblances des enfants d’ici et d’ailleurs dans leur quotidien. Parions que mes élèves voudront découvrir comment vivent les enfants du Maroc.

Le 11 octobre, nous serons en pensée sur la ligne de départ avec les Plumes du désert. D'autres classes désirent se joindre à nous?


samedi 1 septembre 2012

Un visiteur... comme un livre d'histoire(s)



Je travaillais dans ma classe, fignolant les derniers détails afin que mon local et la planification de mes premières journées d’école soient prêts pour la rentrée, qui avait lieu le lendemain. Dans l’école, on pouvait entendre le son d’outils, car des ouvriers s’affairaient à compléter l’aménagement de notre belle école qui sentait encore « le neuf ». Une dernière journée pédagogique avant la rentrée officielle. La veille, nous avions reçu la première visite de nos élèves et de leurs parents, lors de la journée Portes ouvertes.  

Une journée encore à préparer cette rentrée. Et de nombreuses tâches à cocher sur la liste du travail à faire…

Vers la fin de l’avant-midi, un vieil homme est entré dans ma classe. Mon local est le premier qu’on peut apercevoir, tout près de l’entrée et du secrétariat. Cet homme avait profité du fait que les ouvriers avaient du matériel à transporter entre le camion garé devant la porte d’entrée et les locaux du deuxième étage pour se glisser dans l’école.


Lorsque je l’ai vu, regardant partout, je lui ai demandé :
-  Puis-je vous aider?
- Je prenais ma marche dans le quartier et j’étais curieux. C'est beau ici!
 Bonjour monsieur! Il faudrait passer voir la secrétaire avant de circuler dans l’école.


Madame Mireille retournait à son bureau au même moment.  L’homme hésitait. Sans doute savait-il qu’il ne pouvait pas être là.

- J’étais curieux. J’habite dans le quartier depuis 59 ans. J’ai vu cette école se bâtir. Mon ami était le directeur d’école. Je suis souvent venu ici. Ça a changé!

Et il a ajouté, avec le regard brillant de passion :

- J’ai travaillé dans le milieu de l’éducation pendant 35 ans. J’ai été enseignant pendant 20 ans et directeur d’une école secondaire pendant 15 ans. Je suis à la retraite depuis 34 ans.


Cet homme devant moi m’a émue. Il avait passé une partie de sa vie dans nos écoles de la commission scolaire. La page était tournée, il savait qu’il ne devait pas être là, mais cette ouverture d’école l’avait replongé dans ses souvenirs, souvenirs qu’il voulait sans doute revivre, l’espace d’un moment.

http://www.photo-de-classe.com 1960-1961
Je me suis approchée de lui, je lui ai serré la main et je lui ai proposé une visite des lieux. Nous sommes entrés dans chacun des locaux, et parfois, je lui présentais mes collègues. Il me questionnait sur les tableaux interactifs, me parlait de sa carrière, de ses écoles, dont celle qui avait brûlé alors qu’il était directeur, l’obligeant à changer de lieu de travail et à devenir l’adjoint ce celui qui était, quelques années plus tôt, son adjoint. Il s’extasiait sur la façon dont les pupitres étaient placés (en équipes de quatre), comparant à « son temps » :

-  Les élèves peuvent travailler en équipe. C’est bien! Dans mon temps, on ne pouvait pas faire ça, car les pupitres étaient vissés au sol.  


Au gymnage, il m’a expliqué qu’autrefois, il n’y avait pas de plancher comme maintenant. Le gymnase n’existait pas, c’était plutôt une salle de récréation.
-  Les jeunes avaient besoin d’un endroit où passer la récréation quand il pleuvait.


En circulant dans cette école fraîchement peinte et rénovée, je revivais un pan de son histoire. Le tour de l’école complété, j’ai accompagné le vieil homme à l’entrée. Devant le secrétariat, il m’a demandé si le directeur était présent.

-  Allons voir! lui ai-je dit.

En chemin, je lui ai présenté la secrétaire. J’ai cogné au bureau de mon directeur et lui ai expliqué que j’aimerais lui présenter quelqu’un. Lorsque l’homme est entré, il s’est présenté lui-même.

J’ai regardé, les yeux humides, l’échange entre ces deux directeurs, séparés par deux générations, mais unis par cette même passion qui les anime.

Lorsque le vieil homme a continué sa promenade dans le quartier, mon cerveau roulait comme un hamster dans sa roue. Dans plusieurs années, lorsque je serai à la retraite, est-ce qu’une jeune enseignante acceptera de me replonger dans mon passé de prof, ma passion? De me voir comme une collègue au lieu de simplement me voir comme une personne âgée? Ces nombreuses personnes qui nous entourent ont un passé, elles sont une richesse pour nous, des livres d’histoire(s) vivants. Est-ce que notre société en prend soin comme elles le méritent?   

samedi 25 août 2012

Deux auteures jeunesse dans le désert



En octobre prochain, deux sympathiques et colorées auteures, Katia Canciani et Annie Groovie, relèveront tout un défi : parcourir le désert du Maroc lors de la 12e édition du Trophée Roses des Sables

Annie Groovie et Katia Canciani
Quel modèle d'esprit d'équipe, de persévérance et de rêve accompli, n'est-ce pas? C'est pourquoi, avec mes élèves, nous suivrons leur périple. Avant leur départ, nous écrirons aux deux auteures pour leur souhaiter bonne chance. De plus, nous découvrirons leurs livres. Katia Canciani a écrit de nombreux livres pour tous les groupes d'âge. Annie Groovie est la créatrice du célèbre Léon, ce drôle de cyclope. Nous découvrirons également le Maroc, ses habitants, ses coutumes...

Imaginez toutes les situations d'apprentissage diverses que peuvent vivre nos élèves en lien avec cette aventure? En plus, les deux auteures sont dans le répertoire "Écrivains à l'école". Pourquoi ne pas inviter une auteure dont on a suivi le périple?

Un enseignant qui désire un système d'émulation par équipe pourrait même faire avancer les 4X4 dans un désert (fabriqué grâce à un carton jaune). 

Entraide et solidarité

Mais avant, un premier défi pour nos deux auteures dynamiques: ramasser les fonds nécessaires pour participer. C'est que le rallye "Roses des Sables" est fier de soutenir la cause "Enfants du désert", qui aide les enfants et leurs familles des régions reculées du désert. 

J'invite les enseignantes qui désirent vivre cette aventure avec leurs élèves de donner 5$ sur la page Indigogo des deux auteures. 

Mais il y a mieux! De nombreux illustrateurs, bédéistes et caricaturistes ont donné pour la cause des originaux. Vous rêvez d'avoir une oeuvre originale d'un de nos talentueux illustrateurs? Ce mardi, 28 août aura lieu un Encan silencieux au Café l'Artère, à Montréal.  Parmi les artistes participant, notons Fil et Julie, Michel Rabagliati, Philippe Béha, Yayo...

Pour tous les renseignements sur l'Encan silencieux, je vous invite à visiter la page Facebook de l'événement

En terminant, je souhaite la meilleure des chances à Katia et Annie! Vous avez toute mon admiration, les filles! 


lundi 20 août 2012

Comme un gros club de lecture virtuel


L’an passé, j’avais consacré un billet à un livre marquant de mon enfance (Clément Aplati ou Flat Stanley en anglais) et à un projet international y étant rattaché. Dernièrement, j’ai découvert un autre projet tout aussi rassembleur pour les classes du primaire francophones ou d’immersion française. Un projet alliant la littératie à l’informatique et ayant pour but de transmettre le plaisir de lire, tel un club de lecture global. Il s’agit de Écouter Lire le Monde 2012 créé par François Bourdon inspiré du Global Read Aloud Project.

Cet automne, les classes participantes s’intéresseront au même livre à peu près en même temps. L’enseignante lira à voix haute le roman choisi à ses élèves à raison de quelques chapitres par semaine. La classe échangera ensuite avec les autres classes participantes de la façon qu’elle le désire : Twitter, blogue, Skype, vidéo, romans-photos ou autre projet réalisé à partager sur la page Wiki du projet… Les possibilités sont infinies. Un projet clé en main gratuit!

Parmi les livres retenus, il y a mon roman Un spectacle pour Morgane. Tous ceux (classes, services de garde...) qui désirent s’inscrire peuvent le faire sur le site du projet et voter pour le livre qu’ils aimeraient exploiter dans l'édition 2012. 


jeudi 16 août 2012

Sur la ligne de départ...

J'ai eu plusieurs idées de billets pour mon blogue cet été... que j'ai notées pour plus tard!
Après une absence temporaire, je suis prête à vous retrouver, chers lecteurs et amis blogueurs .

Les vacances achèvent et je me sens comme Usain Bolt sur la ligne de départ. Bon, peut-être pas aussi confiant que lui, mais j'ai hâte que le coup de feu annonçant le début de l'année scolaire soit tiré. J'ai hâte que mon directeur nous écrive pour nous annoncer qu'on peut visiter notre local.

Cet été, pas de gros voyage, pas de dépenses folles, la vie qui a suivi son fleuve tranquille: du bénévolat pour une troupe qui a présenté une comédie musicale, quelques jours au Massachussetts, quelques jours en Outaouais, des visites à Québec ou à Montréal, mais surtout du temps pour lire, des romans et des "trucs d'école", écrire un peu et pour faire la grasse matinée.

Pourquoi cette presse à retourner à l'école? Après 8 ans à me promener d'une école à l'autre, d'un niveau à l'autre, à savoir dans quelle école je travaillerai quelques jours seulement avant la rentrée, cette année, c'est différent: j'ai mon poste à la maternelle! Youppidoudelailledou!

Depuis le mois d'avril, mon équipe-école travaille fort pour cette rentrée, car nous ouvrons une toute nouvelle école, une école d'éducation internationale. C'est un beau défi qui nous attend! Ressentez-vous cette fébrilité dans l'air?

D'ici quelques jours, j'irai dans ce bâtiment pour voir toutes les transformations qu'on y a apportées, les murs fraîchement peints (avec les couleurs que j'ai choisies), défaire des boîtes, ranger, photocopier et plastifier, préparer la journée portes ouvertes, la rencontre des parents, l'accueil des élèves, mes premières journées... *respire dans un sac de papier kraft*

Aujourd'hui, j'avoue que j'aimerais bien me faire clôner!

mardi 3 juillet 2012

Pour la fête d'un enfant...



Dernièrement, un ami libraire m'a raconté cette anecdote:

Hier soir, à la librairie, un couple me demande des suggestiions de lecture pour une fillette de 9 ans et demi (on insiste sur le "et demi"). Elle a lu les Geronimo Stilton, les Téa Sisters, les Gaïg, les Celtina, etc. Aussi, les parents veulent-ils quelque chose de plus "terre à terre". Je suggère "Un spectacle pour Morgane" et je raconte brièvement l'histoire à la maman. Elle part à rire et me dit : "C'est pour sa fête de 10 ans et elle nous a demandé des billets pour le concert de MixMania! C'est parfait!"

Cela m'a rappelé qu'il y a quelques mois, la journaliste, blogueuse et auteure Nadine Deschenaux a écrit un article très intéressant, suggérant des idées de cadeaux pour une fête d'enfant. Mon livre Un spectacle pour Morgane s'y trouve.

Lux, non?



mercredi 27 juin 2012

Après la pluie, le beau temps...



Ma dernière journée de travail à cette école.
Dehors, un ciel gris se vide de toute sa tristesse. 
Dans ma tête et dans mon cœur, un mélange d’émotions. De la joie de me savoir en vacances. Enfin. De la peine de perdre une si belle équipe. Encore. Car malgré mes nombreuses années de précarité, s’il y a quelque chose dont je ne m’habitue pas, c’est de quitter des élèves et des collègues avec qui j’ai partagé de beaux moments. Chaque année, c’est le même refrain. Des « Au revoir », de l’incertitude pour le prochain mois de septembre et surtout de l’espoir de travailler à nouveau avec ces personnes ou, au moins, une gang tout aussi aimable. Et chaque année, je découvre des êtres exceptionnels.

Après une matinée à ranger, à placer les meubles en îlots et à coller des sacs de vidanges devant les armoires pour empêcher la poussière d’entrer (même si la poussière arrive quand même à s’incruster partout, pendant l’été), je parcours une dernière fois les corridors pour donner une accolade à mes collègues: « Bon été! »… « Bonne chance dans tes nouveaux projets! »… « Bon voyage en Afrique! »… « On reste en contact! »

Je pars ensuite dîner avec des collègues. C’est la fin, je ne suis pas prête, alors je la prolonge. Attablés, nous rions aux éclats en nous remémorant quelques anecdotes s’étant déroulées au cours des derniers mois. Puis, de retour à l’école, je remets les clés au secrétariat. Une dernière accolade à madame Lisette, cette secrétaire qui nous accueille chaque matin avec son sourire ensoleillé. Aujourd’hui, ce dernier sourire est un peu triste.

Je reprends mon baluchon de souvenirs et je quitte l’école Saint-François d’Assise. Pour de bon. Dehors, un ciel bleu, un soleil qui me sourit. L’avenir est plein d’espoir. Demain, je rejoins mes nouveaux collègues. Des collègues que j’aime déjà. Nous préparerons la rentrée du mois d’août. Pour la première fois, je sais où je m’en vais : dans une école aux murs fraîchement peints, prête à accueillir de nouveaux élèves, de nouveaux défis, de nouveaux souvenirs. 



Danilo Rizzuti - freedigitalphotos.net


mardi 12 juin 2012

Lire dans des endroits inusités…



Chaque jour, la lecture interactive (lecture à voix haute faite par l’enseignante) est intégrée à mon horaire. Je m’installe sur la chaise berçante et mes élèves s’assoient devant moi, dans le coin lecture.  Ce moment précieux fait partie de nos routines, habituellement en après-midi. Pour plusieurs élèves, c’est également leur moment préféré de la journée.

J’aime parfois surprendre mes élèves, que ce soit avec un accessoire qui ajoute un petit plus à l’histoire ou la participation d’élèves à l’animation du livre. Aujourd’hui, je leur ai plutôt proposé d’aller à l’extérieur. Étant donné que Monsieur Météo prédisait de la pluie en après-midi, on n’a pas pris de chance : on est sorti en matinée, un peu avant la récréation.


- Où voulez-vous aller? Leur ai-je demandé. Là bas, à l’ombre, près de l’arbre, peut-être?.

Spontanément, plusieurs élèves ont suggéré le module de jeux extérieurs.


- Est-ce qu’on peut tous s’y assoir? Essayons…

J’ai la chance inouïe d’avoir seulement 10 élèves.  Ils ont bien ri de voir leur enseignante grimper dans le module, son livre sous le bras. Sur le module, tout le monde était un peu à l’étroit, mais ils étaient si contents que personne n’a soulevé un quelconque inconfort. Pour ma part, debout et les fesses accotées sur une clôture métallique, le livre au dessus de la tête des élèves, je me suis assurée que tous mes cocos étaient installés de façon sécuritaire (car la « madame » est un peu « prof poule »), et j’ai commencé ma lecture animée de Edmond, l’affreux raton...

Après avoir fait un retour sur l’histoire, je leur ai souhaité à tous une « bonne récréation ». Alors que mes élèves et moi glissions pour descendre du module, la cloche a retenti. Au parfait moment.

Allons-nous retourner lire une histoire dans ce module? Je ne crois pas. Ce n’était pas très confortable. Mais l’expérience a été intéressante, les élèves étaient souriants et je suis certaine qu’ils se souviendront de ce moment. Cependant, d’ici la fin de l’année scolaire, c’est certain que nous retournerons dehors pour notre moment précieux. Là bas, à l’ombre, près de l’arbre, peut-être?



dimanche 3 juin 2012

Rebecca Dautremer à Québec, prise 2



« Mieux vaut tard que jamais», à ce qu’on dit. En vrac, des petits morceaux de la causerie organisée par la librairie Pantoute qui a eu lieu au Morrin Center, à Québec.

Rebecca Dautremer travaille chez elle, à Paris, et collabore souvent avec son mari, l’auteur Taï-Marc Le Thanh. Ils ont trois enfants. L’été, elle retourne dans sa région natale. 


Sa jeunesse

Rebecca Dautremer a grandi à Gap, une ville de 30 000 habitants des Hautes-Alpes. Jeune, elle n’avait pas la télévision. Lorsque sa famille s’en est procuré une, les enfants n’avaient pas le droit de la regarder. Elle a commencé à dessiner très jeune et dessinait souvent, dans les agendas de l’année précédente que son père lui récupérait.

Ses études et ses influences

Elle a fait ses études à Paris, aux Arts décoratifs. L’illustration était assez dénigrée à l’école. L’expression populaire, lorsqu’elle disait vouloir se spécialiser en illustration était : « Tu vas dessiner des petits Mickey! ». Plusieurs années plus tard, elle a trouvé un vieux Mickey Mouse qu’elle a mis sous une cloche de verre dans son salon afin de se souvenir de « l’encouragement » de ses professeurs.

Elle a suivi des cours de graphisme et c’est à cette époque qu’elle a découvert une passion pour la photographie. Elle nous a raconté que les étudiants en illustrations avaient tellement peur de faire niais, de faire des choses gentilles, qu’il fallait qu’ils fassent des choses bizarres, gore. Elle a fait son diplôme sur « la représentation de l’intérieur du corps ».


L’influence de la photographie et du cinéma sont très présents dans son travail. Depuis L’Amoureux, avant de travailler sur une illustration, elle place les éléments (dans sa tête) et les met en scène, fait comme si elle avait un appareil-photo en tournant mentalement autour de la scène, déplace des éléments, pour prendre la meilleure prise de vue (plongée, contre-plongée), fait le cadrage, ajuste l’éclairage.

Pour la création d’un livre contenant un nombre considérable de pages, elle crée d’abord ce qui ressemble à un « story-board ». Sa formation de graphiste fait en sorte qu’elle s’intéresse à l’ensemble du livre, à toutes les compositions de toutes les pages.

Sa technique

Elle travaille à la gouache sur du papier aquarelle (qui sent le poisson). Pour elle, quand les gens développent un style, c’est parce qu’ils se contentent de faire ce qu’ils savent faire.

Elle ne s’oblige pas de rester fidèle à la réalité. Pour Cyrano, elle a préféré inventer, et a puisé son inspiration de la culture japonaise (les vêtements) et la culture maori (le nez tatoué de Cyrano).

Depuis le succès des Princesses inconnues, elle peut faire davantage de livres où elle a carte blanche, comme dans Le grand courant d’air. Plus l’histoire avance, plus elle voulait que le livre ait l’air abimé. Elle a ajouté de la poussière, des cheveux, du pain au chocolat… jusqu’à la fin où un grand courant d’air passe par la fenêtre, que les parents reviennent et que la vie retrouve son calme.

Pour le journal secret du Petit Poucet, elle s’est amusée à expérimenter. En plus de la gouache, on retrouve du crayonné, du collage, de la gravure…. Elle voulait qu’on ait l’impression que le livre avait été trimballé par un enfant. Ainsi, la couverture a été déchirée et recollée, certaines pages ont subi l’assaut de différents produits (comme du yogourt). 


Nous avons sourcillé…         

Sur la question de l’échec, Rebecca Dautremer a répondu : « C’est tellement dur être illustrateur, l’échec, c’est la norme! Quand on arrive à produire un livre qui se retrouvera, ne serait-ce que deux semaines sur les tablettes des librairies, c’est déjà un succès.».  Et d’ajouter : « Si je vends un livre QUE à 5000 exemplaires, ben, c’est déjà bien. » J

Ses présents projets:
  • Elle travaille sur un projet d'histoires de la Bible, avec Philippe Lechermeier (avec qui elle a collaboré, entre autres, sur les Princesses et le Journal secret du Petit Poucet) 
  • Le théâtre Amstramgram de Genèse l’a engagée pour faire la décoration de l’entrée. Elle fait des sculptures d’oiseaux en bois et en papier . 
  • Taï-Marc Le Thanh et Rebecca feront toutes les étapes d’un nouveau film d’animation (elle avait déjà participé à la création du film Kerity, la maison des contes, qui est sorti en 2009). Présentement, ils terminent le scénario d’un film inspiré de leur album Elvis. 
  • Un groupe hip-hop lui a demandé d’illustrer la couverture de leur nouveau CD.
  • Elle illustrera un album pour adulte qui est une adaptation du roman Soie, d’Alessandro Baricco.

jeudi 24 mai 2012

Causerie avec Rebecca Dautremer à Québec


Samedi dernier, la librairie Pantoute, à Québec, nous a offert un magnifique cadeau: une causerie avec l'illustre illustratrice française Rebecca Dautremer. La rencontre a eu lieu au Morrin Center, à deux pas de la librairie. Cette grande artiste de 40 ans compte parmi mes illustrateurs préférés depuis mes années universitaires, l'époque où j'ai découvert la littérature jeunesse.

Comme toute groupie qui se respecte, je suis arrivée à l'avance. Avec mon copain, nous étions les premiers. Puis, un à un, les autres auditeurs sont arrivés. Il y avait de nombreux illustrateurs ou graphistes, tous semblaient très bien connaître  et admirer le travail de Rebecca Dautremer. 

Juste avant l'heure de la rencontre, j'ai fait un saut à la toilette. En y sortant, je suis tombée nez à nez avec Rebecca Dautremer, qui arrivait à peine. J'ai eu le grand honneur de la diriger vers la salle de la causerie, au deuxième étage, et d'échanger quelques mots avec elle (elle m'a entre autre fait remarquer que nous étions dans une ancienne prison pour femmes).

La causerie, un mot qui a fait sourire notre invitée, a été animée par Catherine Lachaussée. Les auditeurs étaient conviés à participer, à poser leurs questions. Je ne saurais dire combien nous étions, sans doute une cinquantaine (peut-être un peu plus). Tous les gens présents étaient souriants et conscients de la chance d'avoir cette grande dame talentueuse devant nous, pourtant très modeste et critique envers son travail. Nous avons admiré les originaux qu'elle a apportés et étions épatés par son talent, mais aussi par les risques qu'elle prend afin de parfaire son art. Si je vous disais qu'elle a utilisé du yogourt et de la poussière pour créer le « journal secret du Petit Poucet »?

Elle a commencé la rencontre en nous présentant, sur son ordinateur branché sur un projecteur, des photos de son coin de pays. Elle habite Paris, mais l'été, elle s'enferme dans la maison d'un de ses frères, sur le bord d'un lac entouré de montagnes, pour travailler des heures et des heures afin que le livre soit près à temps. 

Par la suite, elle nous a présenté des illustrations faites alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, des personnages, mais aussi une page pleine de pieds, car selon l'enfant qu'elle était, elle avait un talent certain pour dessiner les pieds. Puis elle a parlé de ses études, alors qu'elle voulait déjà faire dans le jeunesse et qu'elle se faisait dire qu'elle allait faire « des Mickey Mouse », de son premier livre illustré en terminant les études (un album à colorier), de son parcours, de ses influences, de ses projets présents et futurs... 

Dans un prochain billet, je ferai un retour sur des anecdotes pêle-mêle que j'ai retenues de la rencontre et de la suite, la séance de dédicaces à la librairie Pantoute. J'en profite pour remercier chaleureusement Dominique Caron, libraire passionnée qui a permis à cette causerie d'avoir lieu.




vendredi 4 mai 2012

Morgane dans le Resource Links Magazine



J'ai vécu un moment chocolat, comme dirait mon amie Katia.

Un moment chocolat, c'est lorsqu'on a une bonne nouvelle, qu'on vit un petit bonheur qui fait l'effet d'une tape dans le dos, d'un sourire ou qu'on désire célébrer (en savourant un chocolat).

Hier, mon éditeur m'a envoyé un courriel. Mon premier roman Un spectacle pour Morgane a paru dans le magazine canadien anglais Resource Links, qui vise les établissements d'éducation et les bibliothèques d'un océan à l'autre. On y recense des livres en anglais, surtout, mais il y a une petite section pour les livres francophones. Après tout, il y a de nombreuses écoles francophones ou d'immersion française partout au Canada.

Après un résumé du roman, on peut lire:

Un spectacle pour Morgane is an excellent novel for primary readers since the 71 pages are divided into 8 chapters plus an epilogue. The print is large, there is plenty of white space and the illustrations of Eric Peladeau add to both comprehension and humour. This is Julie Pellerin's first novel. She creates a cast of lovable characters and seems able to understand both their motives and their emotions very well. She handles them with sensitivity as well as a sense of humour. Students who read this novel will no doubt hope that Pellerin continues with more of Morgane's adventures in subsequent books. 
  
                  (Ann Ketcheson, Resource Links 2011)



Ça mérite un délicieux chocolat, non?

http://www.mageekstore.com/332-bloc-notes-chocolat.html

lundi 30 avril 2012

Le toutou trop turbulent

Dans la catégorie « Tu t’aperçois que la lecture occupe une place importante dans ta classe quand…», une anecdote vécue dernièrement dans ma classe...


Tous les vendredis, je laisse un moment de jeux libres à mes élèves à la fin de la journée. Certains bricolent (le luxe lorsqu’une boîte de mouchoirs est vide), d’autres jouent à un jeu, d’autres encore écrivent ou lisent en duo (oui, oui!!) et deux élèves s’amusent à l’ordinateur…

Une de mes cocottes fait toujours la même chose : elle joue au professeur. Parfois, elle se trouve des cobayes amis à qui elle peut bosser enseigner; parfois, elle est seule et enseigne à des élèves invisibles. Elle s’installe au tableau, écrit des mots ou des phrases et parle et parle et parle encore…

L’autre jour, sa façon d’enseigner a changé. Ma cocotte a installé les toutous du coin lecture par terre et elle s’est assise sur ma chaise berçante avec le livre « J’élève mon monstre », qui traînait sur mon bureau. Et elle a commencé :

-          - Aujourd’hui, je vais vous lire « J’élève mon monstre ». L’auteure, c’est Élise Gr…Gr…Gravel.

Discrètement, je l’observais.

-         - L’illustrateur, c’est… Ben, y’a qu’un seul nom. Ça veut dire que l’auteure et l’illustrateur, c’est la même personne. C'est Élise Gr..Gravel. 

J’avais sérieusement l’impression d’être imitée. À chaque page, elle lisait le nom du monstre et le début du texte. Ensuite, elle se tannait et inventait la suite. À certains moments, elle avertissait même ses élèves turbulents.

-         -  Toi là, fais pas ça! Si tu continues, tu vas être en punition.

Bon, je n’ai jamais dit ça à un élève, mais j’imagine qu’on a tous nos façons de demander le silence…

Tout à coup, elle s’est levée, a pris le toutou grenouille par la patte et est venue me trouver pour me demander de le surveiller. 


- Il dérange pendant l’histoire, m’a-t-elle dit.
- Ah! oui?  Qu’est-ce qu’il a fait?
- Il a dit que les illustrations étaient pas belles!

Une chance qu’elle n’a pas à évaluer « Apprécier des œuvres littéraires »! 




dimanche 22 avril 2012

Du plaisir de trouver les noms...




Lorsque j’écris un roman jeunesse, j’adore trouver les noms des personnages et des lieux. Dans Cordélia et la montagne mystérieuse, je me suis amusée à chercher des noms représentatifs. Après tout, ce livre est un peu un hommage à mon classique préféré Fifi Brindacier et les noms de lieux (comme la maison Drôlederepos) sont des personnages en soi. Ce n’est pas non plus un secret que le prénom « Cordélia » est un clin d’œil à Anne… la maison aux pignons verts, une œuvre qui m’a marquée.  Dans ma toute première version, mon personnage s’appelait Cassiopée, comme la constellation du même nom, car la jeune rouquine avait tellement de taches de rousseur qu’on aurait dit qu’elle avait une constellation sur le visage.

Lorsque Bayard a accepté mon manuscrit, j’ai dû le couper de près de 2000 mots pour qu’il cadre dans la collection Cheval masqué. J’ai donc dû faire de nombreux changements. Parmi ces changements, il y a le toponyme qui a été modifié. J’ai hésité jusqu’à la toute dernière révision avant de changer Saint-Georges-du-Grondement (nom d’origine) pour Saint-Gontran-du-Grondement. C'est ma dirlitt qui m’avait suggéré de jouer avec la sonorité du « g dur ». J’aimais beaucoup son idée, mais j’aimais la raison de mon Saint-Georges. J’ai finalement opté pour Saint-Gontran, car c’est plus rigolo pour des lecteurs de 6 à 9 ans.

Mais, juste pour vous, et parce que c’est la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, je vous fais part de mon raisonnement lorsque j’ai trouvé, pour la première fois, le nom de ce qui deviendra le village de mon personnage, un village qui a encore des histoires à raconter, un village que j’imagine ressembler un peu au Saint-Élie-de-Caxton de Fred Pellerin (mais pas tout à fait).

Je cherchais d’abord un toponyme qui sonne village québécois et j’ai donc opté pour « Saint », sans savoir lequel donnerait son nom à l’endroit tant détesté par Cordélia. Je me disais que parmi tous les personnages canonisés, il y en avait bien un qui avait un lien avec un dragon, un « Saint-Quelque chose », dans le temps où les dragons existaient! (Que ce soit symbolique ou légendaire… Saint-Patrick a bien chassé des serpents d’Irlande!) Croyez-le ou non, mais il existe bel et bien un personnage tiré des histoires chrétiennes qui a terrassé un dragon : San Jordi, patron des Catalans, aussi connu sous le nom de Saint-Georges. Et Saint-Georges pourrait être à la fois un village québécois ou français, tout en étant fictif (le «du-Grondement» nous rappelle le bruit qui effraie les villageois). Comble de bonheur, mon livre est en quelque sorte une ode à la lecture et Saint-Georges est célébré le... 23 avril.


Bonne Journée mondiale du livre et du droit d’auteur! 

Bonne visite à Saint-Gontran-du-Grondement!





jeudi 12 avril 2012

Prête pour le SILQ




Mes signets et mes crayons sont prêts! 
Je serai présente au Salon international du livre de Québec avec mon mini-roman
«Cordélia et la montagne mystérieuse»

Photo prise au SLTR, 1er avril 2012

N'ayez pas peur, à Québec, je n'aurai pas de poissons à vous coller dans le dos,
comme je l'ai fait au SLTR il y a deux semaines. 

Venez me piquer un brin de jasette au stand de Bayard Canada (511)

Samedi, 14 avril de 17h à 18h

Dimanche, 15 avril de 13h à 14h

jeudi 5 avril 2012

Le « temps de projet » pour cultiver la créativité


L’imagination, ça se cultive. J’y crois. Et avec la vie quotidienne qui roule souvent trop vite, je trouve que les enfants n’ont pas tous la chance de faire pousser leur créativité.

Depuis plusieurs semaines, mes élèves de 1re année ont du temps pour eux le matin. On appelle ce moment le « temps de projet ». Après avoir défait leur sac et remis leur devoir dans le panier, ils peuvent aller lire au coin lecture (seul ou en duo), écrire des messages, faire un projet personnel d’écriture ou aller au coin des drapeaux. Je leur laisse une quinzaine de minutes, parfois davantage lorsque je vois que tout le monde s’investit à une tâche. Si je les vois bavarder ou déranger les autres, comme s’ils étaient en récréation, je coupe ce temps personnel et nous entamons le travail, tout simplement.

En quoi consiste le projet personnel d’écriture? Ça dépend vraiment des élèves…

Crédit: Paul Gooddy- freedigitalphoto.net
Chaque jour, souvent en après-midi, je leur lis un livre. Parfois, cette lecture allume une étincelle chez un élève. Lorsque nous avons travaillé « J’élève mon monstre » d’Élise Gravel, des élèves se sont mis à créer de nouveaux monstres domestiques. D’autres fois, je leur fais des suggestions. Toujours dans le thème des monstres, j’ai dit à mes élèves : « Ce serait une bonne idée de créer un livre de recettes pour monstres! » Deux garçons se sont lancés dans l’écriture de recettes pour monstres : soupe aux enfants, sandwich aux rats…

D’autres ont parfois leurs idées personnelles de projets. Ainsi, une élève qui recevait la visite d’un écureuil dans sa cour a décidé de faire une liste d’aliments qu'elle pourrait lui donner à manger, car elle voulait l’adopter. Un camarade de classe lui a fait remarquer qu’elle ne peut pas adopter l’écureuil, mais qu’elle pourrait l’apprivoiser. Plus tard à la bibliothèque, elle a cherché un documentaire sur les écureuils. Une autre fille a décidé, de son côté, de créer un livre pour filles seulement. Elle écrit des phrases sur une fille qui se maquille et qui porte du vernis à ongles.

À travers leurs projets, les élèves apprennent à utiliser différents outils pour trouver l’orthographe des mots. Au début, plusieurs venaient me demander d’épeler les mots. De plus en plus, ils apprennent à chercher ailleurs (mots-étiquettes, livres et dictionnaires). L’apprentissage le plus significatif est sans doute de terminer ce qu’ils commencent. Ce n’est pas évident pour tous.

Ce n’est pas une période de dessins ou de coloriage, mais s’ils ont terminé leur partie « écriture », ils peuvent l’illustrer. De même, s’ils ont besoin de l’ordinateur pour recopier leur texte, je leur permets de l’utiliser. Lorsque je ne suis pas avec un élève pour l’aider à corriger son texte, ce moment de la journée me permet de faire des entretiens de lectures (un élève à la fois vient me faire la lecture).

Depuis trois semaines, je lis à l’occasion des poèmes à mes élèves. J’ai commencé par les recueils de poésie de Guy Marchamps, mais nous avons aussi découvert le recueil « J’aime les poèmes » d’Henriette Major. Les illustrations poétiques et colorées de Philippe Béha plaisent beaucoup à mes élèves.

Hier, une fillette de 6 ans a décidé d’occuper son temps de projet à m’écrire un poème. Elle l’a ensuite illustré et me l’a glissé dans une enveloppe qu’elle a fabriquée. Lorsqu’elle me l’a remis et me l’a lu, elle m’a expliqué qu’elle avait eu l’idée de ce poème parce qu'elle aime beaucoup l’école.  


L’école, c’est la vie.
L’école, c’est drôle.
L’école, j’aime sa*.
L’école, c’est la terre.

(Florence, 6 ans)


*  Le texte est recopié tel quel. Je suis revenue sur cette faute et lui ai expliqué la règle du ça/sa.