mercredi 27 juin 2012

Après la pluie, le beau temps...



Ma dernière journée de travail à cette école.
Dehors, un ciel gris se vide de toute sa tristesse. 
Dans ma tête et dans mon cœur, un mélange d’émotions. De la joie de me savoir en vacances. Enfin. De la peine de perdre une si belle équipe. Encore. Car malgré mes nombreuses années de précarité, s’il y a quelque chose dont je ne m’habitue pas, c’est de quitter des élèves et des collègues avec qui j’ai partagé de beaux moments. Chaque année, c’est le même refrain. Des « Au revoir », de l’incertitude pour le prochain mois de septembre et surtout de l’espoir de travailler à nouveau avec ces personnes ou, au moins, une gang tout aussi aimable. Et chaque année, je découvre des êtres exceptionnels.

Après une matinée à ranger, à placer les meubles en îlots et à coller des sacs de vidanges devant les armoires pour empêcher la poussière d’entrer (même si la poussière arrive quand même à s’incruster partout, pendant l’été), je parcours une dernière fois les corridors pour donner une accolade à mes collègues: « Bon été! »… « Bonne chance dans tes nouveaux projets! »… « Bon voyage en Afrique! »… « On reste en contact! »

Je pars ensuite dîner avec des collègues. C’est la fin, je ne suis pas prête, alors je la prolonge. Attablés, nous rions aux éclats en nous remémorant quelques anecdotes s’étant déroulées au cours des derniers mois. Puis, de retour à l’école, je remets les clés au secrétariat. Une dernière accolade à madame Lisette, cette secrétaire qui nous accueille chaque matin avec son sourire ensoleillé. Aujourd’hui, ce dernier sourire est un peu triste.

Je reprends mon baluchon de souvenirs et je quitte l’école Saint-François d’Assise. Pour de bon. Dehors, un ciel bleu, un soleil qui me sourit. L’avenir est plein d’espoir. Demain, je rejoins mes nouveaux collègues. Des collègues que j’aime déjà. Nous préparerons la rentrée du mois d’août. Pour la première fois, je sais où je m’en vais : dans une école aux murs fraîchement peints, prête à accueillir de nouveaux élèves, de nouveaux défis, de nouveaux souvenirs. 



Danilo Rizzuti - freedigitalphotos.net


mardi 12 juin 2012

Lire dans des endroits inusités…



Chaque jour, la lecture interactive (lecture à voix haute faite par l’enseignante) est intégrée à mon horaire. Je m’installe sur la chaise berçante et mes élèves s’assoient devant moi, dans le coin lecture.  Ce moment précieux fait partie de nos routines, habituellement en après-midi. Pour plusieurs élèves, c’est également leur moment préféré de la journée.

J’aime parfois surprendre mes élèves, que ce soit avec un accessoire qui ajoute un petit plus à l’histoire ou la participation d’élèves à l’animation du livre. Aujourd’hui, je leur ai plutôt proposé d’aller à l’extérieur. Étant donné que Monsieur Météo prédisait de la pluie en après-midi, on n’a pas pris de chance : on est sorti en matinée, un peu avant la récréation.


- Où voulez-vous aller? Leur ai-je demandé. Là bas, à l’ombre, près de l’arbre, peut-être?.

Spontanément, plusieurs élèves ont suggéré le module de jeux extérieurs.


- Est-ce qu’on peut tous s’y assoir? Essayons…

J’ai la chance inouïe d’avoir seulement 10 élèves.  Ils ont bien ri de voir leur enseignante grimper dans le module, son livre sous le bras. Sur le module, tout le monde était un peu à l’étroit, mais ils étaient si contents que personne n’a soulevé un quelconque inconfort. Pour ma part, debout et les fesses accotées sur une clôture métallique, le livre au dessus de la tête des élèves, je me suis assurée que tous mes cocos étaient installés de façon sécuritaire (car la « madame » est un peu « prof poule »), et j’ai commencé ma lecture animée de Edmond, l’affreux raton...

Après avoir fait un retour sur l’histoire, je leur ai souhaité à tous une « bonne récréation ». Alors que mes élèves et moi glissions pour descendre du module, la cloche a retenti. Au parfait moment.

Allons-nous retourner lire une histoire dans ce module? Je ne crois pas. Ce n’était pas très confortable. Mais l’expérience a été intéressante, les élèves étaient souriants et je suis certaine qu’ils se souviendront de ce moment. Cependant, d’ici la fin de l’année scolaire, c’est certain que nous retournerons dehors pour notre moment précieux. Là bas, à l’ombre, près de l’arbre, peut-être?



dimanche 3 juin 2012

Rebecca Dautremer à Québec, prise 2



« Mieux vaut tard que jamais», à ce qu’on dit. En vrac, des petits morceaux de la causerie organisée par la librairie Pantoute qui a eu lieu au Morrin Center, à Québec.

Rebecca Dautremer travaille chez elle, à Paris, et collabore souvent avec son mari, l’auteur Taï-Marc Le Thanh. Ils ont trois enfants. L’été, elle retourne dans sa région natale. 


Sa jeunesse

Rebecca Dautremer a grandi à Gap, une ville de 30 000 habitants des Hautes-Alpes. Jeune, elle n’avait pas la télévision. Lorsque sa famille s’en est procuré une, les enfants n’avaient pas le droit de la regarder. Elle a commencé à dessiner très jeune et dessinait souvent, dans les agendas de l’année précédente que son père lui récupérait.

Ses études et ses influences

Elle a fait ses études à Paris, aux Arts décoratifs. L’illustration était assez dénigrée à l’école. L’expression populaire, lorsqu’elle disait vouloir se spécialiser en illustration était : « Tu vas dessiner des petits Mickey! ». Plusieurs années plus tard, elle a trouvé un vieux Mickey Mouse qu’elle a mis sous une cloche de verre dans son salon afin de se souvenir de « l’encouragement » de ses professeurs.

Elle a suivi des cours de graphisme et c’est à cette époque qu’elle a découvert une passion pour la photographie. Elle nous a raconté que les étudiants en illustrations avaient tellement peur de faire niais, de faire des choses gentilles, qu’il fallait qu’ils fassent des choses bizarres, gore. Elle a fait son diplôme sur « la représentation de l’intérieur du corps ».


L’influence de la photographie et du cinéma sont très présents dans son travail. Depuis L’Amoureux, avant de travailler sur une illustration, elle place les éléments (dans sa tête) et les met en scène, fait comme si elle avait un appareil-photo en tournant mentalement autour de la scène, déplace des éléments, pour prendre la meilleure prise de vue (plongée, contre-plongée), fait le cadrage, ajuste l’éclairage.

Pour la création d’un livre contenant un nombre considérable de pages, elle crée d’abord ce qui ressemble à un « story-board ». Sa formation de graphiste fait en sorte qu’elle s’intéresse à l’ensemble du livre, à toutes les compositions de toutes les pages.

Sa technique

Elle travaille à la gouache sur du papier aquarelle (qui sent le poisson). Pour elle, quand les gens développent un style, c’est parce qu’ils se contentent de faire ce qu’ils savent faire.

Elle ne s’oblige pas de rester fidèle à la réalité. Pour Cyrano, elle a préféré inventer, et a puisé son inspiration de la culture japonaise (les vêtements) et la culture maori (le nez tatoué de Cyrano).

Depuis le succès des Princesses inconnues, elle peut faire davantage de livres où elle a carte blanche, comme dans Le grand courant d’air. Plus l’histoire avance, plus elle voulait que le livre ait l’air abimé. Elle a ajouté de la poussière, des cheveux, du pain au chocolat… jusqu’à la fin où un grand courant d’air passe par la fenêtre, que les parents reviennent et que la vie retrouve son calme.

Pour le journal secret du Petit Poucet, elle s’est amusée à expérimenter. En plus de la gouache, on retrouve du crayonné, du collage, de la gravure…. Elle voulait qu’on ait l’impression que le livre avait été trimballé par un enfant. Ainsi, la couverture a été déchirée et recollée, certaines pages ont subi l’assaut de différents produits (comme du yogourt). 


Nous avons sourcillé…         

Sur la question de l’échec, Rebecca Dautremer a répondu : « C’est tellement dur être illustrateur, l’échec, c’est la norme! Quand on arrive à produire un livre qui se retrouvera, ne serait-ce que deux semaines sur les tablettes des librairies, c’est déjà un succès.».  Et d’ajouter : « Si je vends un livre QUE à 5000 exemplaires, ben, c’est déjà bien. » J

Ses présents projets:
  • Elle travaille sur un projet d'histoires de la Bible, avec Philippe Lechermeier (avec qui elle a collaboré, entre autres, sur les Princesses et le Journal secret du Petit Poucet) 
  • Le théâtre Amstramgram de Genèse l’a engagée pour faire la décoration de l’entrée. Elle fait des sculptures d’oiseaux en bois et en papier . 
  • Taï-Marc Le Thanh et Rebecca feront toutes les étapes d’un nouveau film d’animation (elle avait déjà participé à la création du film Kerity, la maison des contes, qui est sorti en 2009). Présentement, ils terminent le scénario d’un film inspiré de leur album Elvis. 
  • Un groupe hip-hop lui a demandé d’illustrer la couverture de leur nouveau CD.
  • Elle illustrera un album pour adulte qui est une adaptation du roman Soie, d’Alessandro Baricco.