lundi 2 janvier 2012

Sommes-nous capables de percevoir la beauté?



L’histoire se déroule dans l’entrée d’une station de métro de Washington, au moment où les gens s’apprêtent à se rendre au travail, un bon matin de janvier. Un jeune homme s’installe avec son violon et pendant 45 minutes, il joue des pièces de Bach.

Plus de 1000 personnes marchent sans ralentir le pas, sans le regarder. À un moment, une dame s’arrête et prend le temps d’écouter. Autour d’elle, on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de personnes qui laissent la beauté de cette musique remplir leur cœur. 

Au total, le jeune homme récoltera 32$, dont 20$ donnés par la seule dame qui vient lui parler. Elle l’a reconnu, l’unique personne à reconnaître Joshua Bell, un des grands violonistes américains de notre époque, venu jouer sur son Stradivarius de 1713 valant 3,5 millions de dollars. Quelques jours plus tôt, il avait joué dans une salle à guichet fermé pour des spectateurs qui avaient déboursé 100$ par billet. 

Cette histoire a réellement eu lieu, dans le cadre d’une expérience dirigée par le Washington Post. Le journaliste a même eu le Prix Pullitzer 2008 pour son article. Sa conclusion : « Dans un environnement ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté, de nous arrêter pour l'apprécier, de reconnaître le talent dans un contexte inattendu ? » 

Lorsque j’ai entendu parler de cette expérience, il y a quelque temps déjà, j’ai été intriguée et même quelque peu troublée. Me serais-je arrêtée? Aurais-je ouvert grand les oreilles et apprécié, même si j’avais continué ma route? 

Nous vivons dans un monde qui roule parfois trop rapidement. Pour 2012, je nous souhaite d’arriver à apprécier les petits bonheurs et les beautés du monde qui saupoudrent notre vie, peu importe le temps de la journée et les tracas qui tricotent notre quotidien. 

Bonne et heureuse année!




Source: Washington Post 2007

7 commentaires:

  1. Ce n'est pas tant que les gens ne sont pas capables de percevoir la beauté du monde, où qu'elle soit, c'est que nous (je me mets dans le lot) sommes compartimentés: le métro c'est pour se rendre au travail, la salle de concert, c'est pour écouter de la musique tout comme une librairie, c'est fait pour choisir un livre à lire, une galerie d'art pour admirer ou acheter un tableau. Il est possible que plusieurs personnes aient reconnu Bach ou aient trouvé bien belle cette musique, mais le cerveau n'était pas conditionné pour s'y attarder. Comme les artistes peintres qui se montent leur kiosque dans un festival de montgolfières, il est fort possible que peu de vrais amateurs d'art s'attardent aux oeuvres, ils ne sont pas là pour ça et pour eux, ils jugeront même que ces oeuvres ont moins de valeur du simple fait qu'elles ne sont pas dans le lieu "normal" pour un tableau, soit dans une galerie.
    Dans ce métro, j'aurais peut-être reconnu Bach, probablement pas le violoniste puisque je ne le connais pas, le Stradivarius non plus parce que je ne m'y connais pas en instrument, mais sûrement, j'aurais passé rapidement. Dans une rue d'Allemagne ou d'Autriche, probablement que j'aurais écouté un peu, mais j'aurais cru que c'Était un étudiant qui veut se faire un peu d'argent de poche.

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  2. Je ne crois pas que l'on puisse voir la beauté quand elle se présente hors contexte... et je trouve cela excessivement triste.

    Les gens sont habitués d'être autosuffisant et sont souvent incapables d'ouvrir leurs oeillères. Hier matin, sur la page de Radio-Canada on annonçait l'heure à laquelle le premier bébé de l'année 2012 est né. Je n'en revenais pas de voir les commentaires des gens. Y a même un type qui y est allé de statistiques disant qu'il était improbable que... bref, j'ai arrêté de lire.

    Une bonne nouvelle en page Un. Et les gens gueulent. Ils sont habitués de voir des catastrophes.

    Merci de me faire réfléchir ce matin, alors que je déguste un bon thé vert ;) Bise xox

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  3. Faites le test: prenez votre Ipod ou son équivalent et écoutez-le en mode aléatoire. Certaines chansons que vous adorez en temps normal ne vous diront rien ce matin, ne vous allumeront pas, n'attiseront pas la petite flamme, ne remueront rien en vous.

    Cela dépend de notre attitude du moment. De notre perception, du contexte...

    Quoique, j'aime bien la théorie de Claude au sujet de la compartimentation... Serait intéressant à approfondir.

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  4. Je ne crois pas que l'étude tire les bonnes conclusions de cette petite expérience. C'est dans la nature d'un cerveau normal de filtrer les stimuli qui le bombardent et de ne retenir que ceux pertinents au moment présent. Si je prends le métro, mon cerveau est en plein travail, il s'occupe de tous les petits gestes inconscients qui vont faire que je vais me rendre à bon port, que je vais planifier les prochaines heures de ma journée, etc. Pour que je sois fonctionnelle, il doit sélectionner certaines informations et en ignorer d'autres, sinon il y a surcharge, confusion, inefficacité.
    Ça ne fait pas de moi quelqu'un d'insensible à la beauté.
    Le mauvais traitement de l'information est d'ailleurs l'un des éléments en jeu dans certaines pathologies qui rendent les gens dysfonctionnels (trouble de l'attention, schizophrénie, etc). La neuropsy est fascinante. ;)

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  5. Je suis un grand amateur de classique et de Bach. La pièce qui est jouée est très difficile tant au violoniste qu'à l'auditeur. Ça demande une oreille exercée pour l'apprécier. Je peux comprendre les gens qui n'arrêtent pas. Toutefois, si le violoniste avait choisi des pièces moins difficiles, genre Ode of Joy ou même celle-ci, je parie que beaucoup plus de monde se seraient arrêtés... et auraient "tipé".

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  6. J'aime bien la théorie de ClaudeL sur le fait d'être compartimentés.

    C'est certain que cette expérience n'a rien de scientifique. La dame qui a discuté avec Joshua Bell, peut-être qu'elle avait une journée de congé (ou ne travaillait pas) et qu'elle avait tout son temps?

    Puis, même si la pièce était extrêmement difficile à jouer, la plupart des gens ne peuvent pas bien l'apprécier. Probablement, quelque chose de plus connu, comme dit Camille, ça aurait fait davantage arrêter les gens. Pour l'argent, pas certaine que les gens, pressés d'aller gagner de l'argent, sont très généreux.

    Mais l'expérience reste fascinante, à mon avis. J'aime toujours voir les réactions des gens, dans ce genre d'événements dans des lieux publics. (J'adore ImprovEverywhere)

    Oui, ça semble vraiment fascinant la neuropsychologie, Sylvie.

    (Camille: Comment t'as fait pour écrire un lien de cette façon dans les commentaires?)

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  7. Il faut écrire le code html avec des crochets "<". (Crochet ouvert)a href=(guillemets)http://YouTube.com (guillemets) (Crochet fermé) Si vous cliquez ici vous allez sur YouTube (Crochet ouvert) /a (Crochet fermé). Et ça donne ceci : Si vous cliquez ici vous allez sur YouTube

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