jeudi 28 avril 2011

L'endroit idéal pour rencontrer l'amour (selon des enfants de maternelle)

Lorsque mes élèves de maternelle ont écrit une histoire collective à partir du personnage de Pinoche le dragon, (voir ce billet) ils ont voté à l'unanimité pour que le gentil et gourmand dragon tombe amoureux. Il fallait décider de l'endroit qui lui permettrait de rencontrer celle qui ferait battre son coeur.

Selon vous, où doit-on aller, selon des enfants de 5 ou 6 ans, pour rencontrer l'amour?


















Pour inclure les TIC à ce projet, j'aurais pu enregistrer les élèves alors qu'ils récitent le texte de leur page. Avec un programme tel que Windows Movie Maker, nous aurions pu faire un petit montage.

Mais nous avons décidé de poursuivre notre voyage. Donc, après le monde imaginaire des dragons, les élèves ont décidé de prendre l'avion pour découvrir l'Afrique.


Allez, bonne soirée! Je dois vous quitter, il ne me reste plus de lait dans le frigo. ;-)



Pinoche le dragon est une série de livres écrits par Nancy Montour et illustrés par Benoît Laverdière.
(Collection Raton laveur, éditions Bayard Canada)

vendredi 22 avril 2011

Parce qu'il n'y a pas d'âge pour s'intéresser à l'environnement

Les enfants d’aujourd’hui sont davantage conscientisés aux problèmes environnementaux qu'on pouvait l'être à leur âge. Ils savent qu’il est important que chacun mette la main à la pâte si on veut protéger « maman la Terre ». En fait, ce n’est pas la planète qu’on tente de protéger. C’est nous et toutes les espèces vivantes y habitant. Car la Terre, peu importe ce qui arrivera, saura s’adapter. Elle le fait depuis plus de 4,5 milliards d’années.
J’ai découvert il y a quelques années Recherche-Action (Programme d’Éducation à l’Environnement et à la Citoyenneté). Vous connaissez? Je n’ai jamais moi-même essayé ce modèle pédagogique, mais j’ai vu une enseignante de maternelle le faire. Imaginez, des enfants de 5 ou 6 ans discuter de problèmes environnementaux. Ici, on parle de problèmes environnementaux au sens large (on inclut l’environnement social et communautaire, physique et biophysique). Ces projets peuvent aussi bien se vivre au préscolaire, au primaire, au secondaire et même au Cégep ou à l’université.
Une année, le problème à régler se situait aux toilettes des maternelles. Les portes ne barraient pas. Ils ont, avec l’aide de leur enseignante madame Caroline, utilisé les étapes de la Recherche-Action et ont trouvé une solution pour protéger leur intimité au petit coin. Une autre année, ils ont voulu faire leur part en faisant du compostage. Je n’ai pas observé toutes les étapes, mais j’ai le souvenir qu’un vendredi soir, parents, enfants et employés de la fondation ALCOA sont venus avec leurs marteaux construire trois gros bacs en bois de compostage qu’on a installés dans la cour d’école. Dans chaque classe de l’école, il y avait un minicomposteur en plastique vert (avec filtre, pour empêcher les odeurs). Les enfants y jetaient leurs pelures, cœurs de pommes et autres restants de collations. Chaque vendredi avant le dîner, les classes déposaient leur contenant vert dans le corridor et les maternelles circulaient pour les ramasser et aller les vider dans les gros bacs en bois qui se situaient à l’extérieur. À un moment, les petits de maternelle ont remarqué que les grands ne jetaient pas toujours les bonnes choses. Ils ont créé des pictogrammes expliquant ce que nous pouvions jeter au compostage et ce que nous ne pouvions pas.
Une classe pourrait choisir de régler le problème des objets perdus introuvables. Une autre pourrait faire un projet pour éviter de gaspiller l’eau potable.
Je vous laisse sur la bande-annonce du film Les Porteurs d’Espoir, réalisé par Fernand Dansereau. Monsieur Dansereau a suivi une classe de 6e année pendant une année et a fait un documentaire sur le projet de la classe de monsieur Dominique Leduc visant à réduire le vandalisme dans le parc.   
Cette année, certaines classes participantes ont reçu des bourses pouvant atteindre 1000$. Si vous désirez en savoir plus sur le modèle pédagogique Recherche-Action, c’est ici. De plus, il y a une page Facebook.
Bon Jour de la Terre à tous!

dimanche 17 avril 2011

Ça fait plaisir...

Hier, au Salon du livre de Québec, une amie auteure m'a appris que Un spectacle pour Morgane était inscrit sur la page du distributeur Prologue parmi les meilleurs vendeurs de la semaine du 10 au 16 avril 2011. En arrivant au condo où je suis hébergée, je me suis empressée de vérifier. C'est quand même une nouvelle qui fait plaisir!

L'entrepôt Prologue n'a plus de livres, mais l'imprimeur est en train de rectifier cet état des faits.

C'est aujourd'hui la dernière journée du SILQ. J'y serai en fin d'après-midi. D'ici là, après les gros flocons bien mouillés d'hier (maintenant transformés en "slush"), je reste à l'intérieur à lire sur le bord de la fenêtre.

Bonne journée!

jeudi 14 avril 2011

Une inspiration à énergie solaire

Après la parution de Un spectacle pour Morgane, il y a eu le tourbillon du lancement, des salons du livre, des bulletins scolaires… Je n’ai pas eu le temps ou pas l’énergie pour écrire. Depuis deux semaines, la vie a presque retrouvé son calme. J’avais hâte de fréquenter à nouveau mes personnages. Pourtant, je n’arrivais pas à écrire une ligne. Rien. Nada. Nozing. J’ai retravaillé un manuscrit déjà entamé : enlève une virgule ici, traque les répétitions, change un mot pour un autre. Non, finalement, j’aimais mieux l’autre formulation. Mon nouveau roman pour la jeunesse avançait aussi rapidement qu’un escargot.
Samedi dernier, sous un soleil éclatant, j’ai sorti chaise, couverture, thé bouillant et ordinateur portatif sur le balcon. Croyez-le ou non, mais l’inspiration a papillonné dans ma direction. Le plaisir d’écrire était de retour et les changements de chapitres me prouvaient que j’étais sur la bonne voie.
La grisaille dans le ciel est revenue les jours suivants et, par le fait même, mon incapacité à écrire une ligne. Zut!
Mais aujourd’hui, après ma séance de dédicaces au SILQ, je suis allée magasiner dans le coin du Vieux Québec. Je me promenais au soleil, quand j’ai eu le désir soudain d’écrire. Comme une rage de sucre.  Mon ordinateur étant resté à la maison, mon carnet habituellement dans ma sacoche ayant été oublié dans un autre sac, il fallait trouver du papier. J’ai fait trois boutiques pour touristes dans l’espoir de dénicher un petit carnet avec, au pire, le Château Frontenac ou une cabane à sucre sur la couverture. Pas de chance. Résolue à arrêter dans un café et à écrire sur des napkins, j’ai finalement aperçu juste en face de moi le Saint Graal. Une librairie. Une librairie ayant une section intéressante de petits carnets. Hourra! (Et en plus, Morgane était bien visible sur un présentoir!)  
Mon carnet acheté, je suis allée m’assoir dans un café avec un capucino bien chaud. Les mots ont défilé à la vitesse d’un escargot ayant abusé de Red Bull. J’ai renoué avec Morgane et ses amis. J’ai gribouillé une esquisse de plan, écrit (et raturé) des bouts de scènes, mes personnages sont venus m’habiter à nouveau.
Je pense que j'ai un panneau solaire intégré.
Vive le printemps! La vie renaît, mes personnages reprennent vie.
Samedi et dimanche, si vous êtes à Québec, je serai au Salon international du livre de Québec. Passez me saluer au stand 313!
Samedi : 11h à midi
Dimanche : 16h à 17h

lundi 11 avril 2011

Confession d'une ex-lectrice du dimanche



J’ai une confession à vous faire. Je n’ai pas toujours été une grande lectrice. Enfant, j’étais loin d’être une rate de bibliothèque (et j'ai le goût d'ajouter «contrairement à maintenant»). J’avais besoin que ça bouge, je passais beaucoup de temps dehors à faire du sport, j’étais souvent avec mes amis. M’asseoir des heures à lire? Pfff! Il fallait qu’il pleuve, que mes amis soient en visite chez leurs grands-parents et que le livre me passionne vraiment.


Par chance, je réussissais bien à l’école. Le français était même ma matière forte (et ma préférée). Le problème, je crois, c’est que ça n’allait pas assez vite. Je ne lisais pas assez vite. Et les fiches de lecture obligatoires avec questionnaires étaient davantage un éteignoir pour moi qu’un désir de découvrir le plaisir de la lecture.

Je n’étais pas une non-lectrice. J’étais une lectrice occasionnelle… pour autant qu’on arrive à m’accrocher. Je me souviens avoir lu la Comtesse de Ségur, les livres de la Courte échelle (j’ai beaucoup aimé la série Rosalie), mais ce que je lisais le plus, c’était les Astérix. Ne jamais sous-estimer le pouvoir des bandes dessinées. Je n’en lis plus (ou pratiquement plus), mais j’ai la conviction qu’on devrait les exploiter davantage à l’école. Une bonne BD est une passerelle pour faire découvrir le plaisir des livres. D’ailleurs, de plus en plus, on retrouve des livres hybrides : mi-bd, mi-roman.

Il y a quelques années, lors de mon premier atelier d’écriture au Certificat en littérature pour la jeunesse, notre prof nous a demandé d’apporter un livre qui nous a marqués lorsque nous étions enfants. On devait placer en ordre d’importance certains critères qui nous avaient incités à choisir ce coup de cœur plutôt qu’un autre (personnage, intrigue, espace-temps, thème, écriture). J’ai été embêtée lorsque j’ai dû inscrire des numéros de 1 à 5 à côté de ces éléments de l’histoire. C’est que ce choix de livre s’est fait pour une toute autre raison.

Dans ma famille, mes parents nous ont appris très tôt, à ma sœur et moi, que l’argent ne poussait pas dans les arbres. Une année, je me souviens que nous avions eu une Expo-livres à l’école. Pendant la journée, nous circulions avec notre classe pour voir les bouquins que la librairie avait apportés. Nous prenions en note les titres qui nous intéressaient. Des libraires nous présentaient certains livres. Le soir, nous pouvions retourner à l’école pour en acheter. Cette année-là, mes parents m’avaient donné un billet de 10$. Je devais faire le choix d’un seul livre. J’ai choisi Clément aplati de Jeff Brown, illustré par Tony Ross. Je l’ai encore. Je l’aime encore. Est-il plus exceptionnel que d’autres romans lus à la même époque? Sans doute pas. Ce roman de 63 pages trône encore fièrement dans ma bibliothèque pour la simple raison que je l’ai choisi. (Sans doute aussi, le hasard a-t-il bien fait les choses!)

Parfois, il y a des modes de séries dans les classes. Quelques élèves découvrent un personnage, le font découvrir aux autres. C’est génial! Certains parents, plein de bonnes intentions, achètent la série complète à leur enfant. Si l’enfant est un bon lecteur, il la lira. Le parent de l’enfant non-lecteur, voyant que son petit a un intérêt pour ce personnage, fier que son fils ou sa fille ait enfin un intérêt pour la lecture, sera tenté de lui acheter la série complète. Attention! Danger! L’enfant a-t-il vraiment un intérêt pour ces livres ou veut-il faire comme les autres (effet d’entraînement, de mode)? S’il désire posséder ces livres pour faire comme ses amis (collectionner des livres comme d'autres collectionnent des cartes de hockey), j’ai peur qu’il se décourage en essayant de lire un bouquin trop difficile pour lui. S’il découvre qu’il aime vraiment ce premier tome et qu’il veut continuer de lire la série, le parent pourra aller acheter les autres titres au fur et à mesure des lectures de leur enfant. L’intérêt sera soutenu, car le livre sera toujours nouveau. Peut-être qu’à un moment, il découvrira un autre roman qui le passionnera davantage et changera de série. C’est la vie!

Un petit pas à la fois
Lorsqu’on a un obstacle à surmonter, il suffit d’y aller un petit pas à la fois. C’est bon pour tous les aspects de la vie. Pour amener un jeune à lire, ne sautons pas d’étapes, allons-y un petit pas à la fois et ne perdons pas espoir. Il arrive que les ailes d’un lecteur du dimanche se déploient, qu’il prenne son envol pour devenir un amoureux des livres pour la vie. (Si vous ne me croyez pas, demandez aux employés de ma bibliothèque municipale…)

jeudi 7 avril 2011

Une histoire de Pinoche le dragon

Je travaille dans cette classe une journée par semaine.


Les activités de conscience phonologique occupent une place importante dans les classes de maternelle de mon école. Dans ma classe, j’ai de vrais petits auteurs. Des élèves qui aiment bricoler et dessiner dans les jeux libres, mais de plus en plus, des élèves qui adorent créer des livres. Ils nous dictent leur histoire, nous l’écrivons sur une feuille et ils la transcrivent.

Il y a quelques mois, nous avons reçu la visite des 1re année. Les grands ont lu leur première histoire de quelques phrases à mes élèves. Après l’activité, ma collègue de 1re a avoué aux élèves que nous avions une auteure dans la classe (elle parlait de moi – mon livre n’était pas sorti) et que tout ça avait commencé à l’école, à leur âge… À ce moment, je crois que j’ai dit à mes maternelles qu’un jour, nous écrirons une histoire ensemble. Quoi qu’il en soit, certains ne l’ont pas oublié.

Même si je ne travaille qu’un jour par semaine dans cette classe, j’aime fonctionner par thématique, indépendamment du thème travaillé par ma collègue. Ces jours-ci, nous travaillons sur le thème des dragons. Lorsque nous avons fait la carte d’exploration (ce que nous savons, ce que nous voulons apprendre), mes élèves ont entre autres dit qu’ils aimeraient apprendre à dessiner des dragons et écrire une histoire de dragon.



Pendant une semaine, Michèle et moi avons lu les albums de la série Pinoche, créée par Nancy Montour. Les enfants adorent ce gros dragon gourmand. Nous nous sommes pratiqués à dessiner Pinoche et lors d’une causerie, nous avons discuté de notre histoire de Pinoche préférée (et par le fait même, des caractéristiques du personnage). Les élèves devaient réfléchir à propos d’une autre aventure pour ce dragon.

C’est cette semaine que nous avons écrit et illustré notre livre collectif. Les élèves étaient installés sur le tapis devant un chevalet. J’ai dessiné une montagne sur une grande feuille (plutôt un triangle). Une histoire a un début, un milieu et une fin. Je leur ai résumé un Pinoche en à peu près trois phrases. On a observé le problème qu’a notre dragon. Ensuite, je leur ai demandé quel serait le problème de Pinoche dans notre livre. Quelques élèves voulaient qu’il ait une amoureuse. À partir de notre montagne, les élèves ont décidé que Pinoche serait triste, car il est seul. Il va manger beaucoup. Tout à coup, il va foncer dans une dragonne. Il va « vécu heureux avec son amoureuse ». Il restait maintenant à écrire notre histoire… avec 17 têtes qui ont toutes de bonnes idées.

Avant de commencer, j’ai insisté sur le fait qu’on ne choisira pas TOUTES les idées, même si elles sont bonnes. Qu’un auteur ne garde pas toutes ses idées, mais qu’il peut les utiliser pour une autre histoire. Dans le feu de l’action de création collective, il arrive qu’un enfant se choque ou pleure, car on n’a pas écrit « sa phrase ». (Heureusement, ce n’est pas arrivé!)

Ensuite, pour commencer l’histoire, nous avons lu la première page de 5 livres de Pinoche. Les apprentis-auteurs ont remarqué qu’elles commencent toutes de la même façon (avec quelques variantes): « Dans (le lieu), il y a très très longtemps, vivait … » (Qui? Où? Quand? Problème?)

Après délibération, nous avons décidé que l’histoire se déroulerait dans une forêt sombre. Je vous épargne tous les détails de cette création collective. Par moments, les enfants nous ont amenés dans différentes directions qui ne sont pas en lien avec l’intrigue de base. Mon rôle était de les ramener dans notre histoire en leur posant des questions (Ex. : Là, il vient de manger sa maison en bonbons. Pauvre Pinoche, il n'a plus de maison. Que va-t-il faire?). Souvent, je relisais notre manuscrit avant de leur poser une nouvelle question ou je leur demandais de m’épeler des mots. J’étais leur robot et ils étaient les auteurs. Le grand Jonathan était tout fier de m’épeler le mot Pinoche, sans faute, et de m’avouer : « Madame Julie, j’ai triché. J’ai regardé sur l’autre feuille, regarde, c’est écrit là. » Alors qu’une petite gazelle était pressée d’aller illustrer le livre (même s’il n’était pas terminé), Laurie a insisté : « Faut relire, parce que là, faut que ça continue, l’histoire! »


Les élèves, sans savoir ce qu’est l’intertextualité, insistaient pour en ajouter. Alors que Pinoche reconstruit sa maison, ils voulaient absolument qu’elle soit fabriquée en paille, en bois et en brique (comme les maisons des trois petits cochons – que nous avons lu et animé l’automne passé). Lorsqu’est venu le temps de voter pour le nom de la copine de Pinoche, Juliette a été choisi à l’unanimité (non, pas directement relié au personnage de Shakespeare, mais plutôt pour faire un clin d’œil à Juliette, la rate romantique ** de Carole Tremblay et Dominique Jolin, un de nos classiques de l’année).

Lorsque j’ai recopié le texte à l’ordinateur, j’ai fait en sorte que chaque élève ait une page à illustrer. Étant donné que chacun aura son exemplaire (et que les photocopies en couleurs, c’est trop dispendieux), j’ai demandé à mes cocos de tracer le dessin au crayon noir. Pour ce qui est de la couleur, ils l’ajouteront plus tard. Donc, en plus d’avoir créé un livre à partir d’un personnage existant, nous avons créé un album à colorier.

Mon rôle : les guider, simplement, et m'assurer que même les plus timides contribuent à cette création. J’ai hésité à propos du temps des verbes, mais j’ai finalement décidé d’écrire l’histoire au présent (sauf pour la première page, qui est au passé).

La semaine prochaine, chaque élève coloriera sa page pour l’exemplaire qui sera disponible à la bibliothèque de l’école. De plus, nous écrirons à Nancy Montour, l’auteure de ce cher Pinoche.

La série Pinoche le dragon
Auteure: Nancy Montour
Illustrateur: Benoît Laverdière
Collection: Raton laveur
Édition: Bayard Canada livres


** Juliette, la rate romantique est l'album idéal à exploiter pour une création collective à la St-Valentin.