samedi 14 janvier 2012

Une histoire collective écrite des deux côtés de l'Atlantique



Un peu avant la rentrée scolaire, une enseignante française, passionnée de littérature pour la jeunesse, a contacté une amie auteure pour lui demander si elle connaissait une enseignante québécoise voulant participer à un projet France-Québec. Par chance, Andrée-Anne a pensé à moi… (Merci encore!)

Lorsque Céline Méténier m’a exposé son idée d’écrire un album collectivement, j’ai tout de suite accepté. 

Dès la rentrée, j’ai expliqué à mes élèves que nous allions correspondre avec une classe de France. Ce qui a fasciné mes élèves, c’est la notion de fuseaux horaires. Par moments, alors que nous travaillions, un élève levait sa main pour me demander ce que faisaient nos amis au même moment. À 6 ans, c’est amusant de savoir que nos nouveaux amis dorment alors que nous, nous sommes à l’école. 

Étant donné que la rentrée scolaire débute plus tôt au Québec qu’en France, nous avons fait les premiers pas. Nous avons envoyé un courriel à l’enseignante pour nous présenter et lui demander si sa classe voulait bien correspondre avec nous. 

Peu de temps après, nous avons reçu une réponse positive : ils étaient emballés et avaient hâte de découvrir le Québec. Tout au long de l’automne, nous avons échangé des lettres et des photos par courriel. Les élèves m’aidaient à décoder les messages et me dictaient ce qu’ils voulaient écrire et enseigner à nos amis sur notre ville, Louiseville. Nous sommes même allés voir leur école à Désertines et les rues avoisinantes, sur Google Map. 

Au fil des semaines, leur intérêt pour la France d’abord, et maintenant pour les pays en général, s’est accru. Si bien que nous avons maintenant un coin des pays derrière le coin lecture (mais ça, c’est une autre histoire!) 

Nous apprenons une autre réalité, une autre façon de s’exprimer en français, de nouvelles expressions, du nouveau vocabulaire. À un moment, quelques élèves ont commencé à m’appeler « maîtresse Julie », car c’est de cette façon que nos correspondants s’adressent à leur enseignante, maîtresse Céline. Puis, ils ont appris que ce que nous appelons ici un « sac d’école » s’appelle un « cartable »; ce que nous appelons un « cartable » au Québec, c’est un « classeur » en France… 

David Roux, illustrateur - Selon une élève de Céline Méténier:
«Ça m'étonnerait qu'il s'appelle David Roux, il a les cheveux gris...»
Dans une de nos lettres, nous avons écrit que notre album préféré est « Lustucru le loup qui pue », le premier livre que j’ai lu au début de l’année. Céline a commandé l’album et l’a raconté à ses élèves. Sans trop le savoir, c’était le départ de notre beau projet. La classe de Désertines a reçu la visite de l’illustrateur David Roux. Il a dessiné le personnage inventé par nos amis Français, un petit loup qui accumule les gaffes : Sparadrap, le loup maladroit. 

La classe de Céline Méténier a écrit le début d’une histoire et nous a demandé de poursuivre et de compléter cet album. Avant de quitter pour le congé des Fêtes, nous avons envoyé notre courriel et l’histoire complète pour que nos amis la lisent à leur retour de vacances. Beaucoup, beaucoup de travail de la part de mes cocos de 6-7 ans, mais ils sont très fiers d’eux. 

Petite anecdote : Lorsque j’ai lu l’histoire pour la première fois, un garçon a levé sa main, et m’a demandé, impressionné : « Comment tu fais, madame Julie, pour lire quelque chose écrit avec un accent français? » 

Dès les premiers jours de janvier, nous avons entrepris d’illustrer notre album (une page par élève) en s'inspirant du personnage créé par David Roux pour en avoir chacun exemplaire. Nous laisserons un livre dans le coin lecture et un autre à la bibliothèque afin que les autres élèves de l’école puissent découvrir cette histoire amusante, le résultat d’une collaboration des deux côtés de l’Atlantique.

Sparadrap le loup maladroit
Illustré par David Roux, d'après les idées
des élèves de Céline Méténier (Désertines, France)


Merci à Céline et à tes élèves de nous faire vivre ces beaux projets!

5 commentaires:

  1. Magnifique de faire découvrir un autre horizon à ces enfants. Ils seront sûrement plus ouvert sur le monde et sur d'autres cultures.

    Bravo Julie!

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  2. Quelle belle façon d'enseigner à nos petits! Tu as toute mon admiration!

    Annie Déziel

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  3. Lucille: C'est pour ça que j'aime enseigner aux petits: ils sont tellement curieux!

    Annie: Merci d'avoir laissé un petit mot ici! :)

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  4. J'adore l'idée! Et quelle anecdote que celle de l'accent! Si tu veux je viens faire un tour dans ta classe pour montrer à tes loupiots que je peux lire un album québécois à vous haute, moi la française ;-)

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  5. Alice: Le plus drôle, c'est que notre orthopédagogue est Française (elle a grandi à Montréal, mais elle a un accent). Mais tu viens quand tu veux!

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