lundi 14 octobre 2013

Il n'y a pas d'âge pour découvrir la poésie

La 29e édition du Festival international de la Poésie de Trois-Rivières vient de se terminer. Le FIP, c’est 10 jours, 100 poètes, 30 pays, 5 continents, 375 activités.
Photo: quoifaireauquebec.com

Il y a une dizaine d’années, enfants et adultes étaient invités à écrire des poèmes et à les afficher sur la corde à linge des poèmes qu’on retrouve au centre-ville. Caroline Ricard, enseignante de maternelle à la Commission scolaire du Chemin-du-Roy, voulait faire participer davantage nos élèves. Elle a démarré et chapeauté (et le fait encore!) l’activité Poètes itinérants. Les classes sont invitées à partager leur amour de la poésie avec la population en sortant des murs de leur école et en allant réciter des poèmes dans un lieu public. Depuis plusieurs années, mon amie Caroline me demande d’y participer. « Oui, quand je serai titulaire, j’y participerai! » J’ai tenu ma promesse. Pour une deuxième année consécutive, mes élèves enfilent leur chandail « Poète au travail » et nous nous dirigeons vers la Chasse-Galerie, un café situé à l’UQTR. 


 À 5 ans, on découvre la poésie

Pour plusieurs enseignants, faire participer des enfants de 5 ans peut paraître une tâche ardue. Pourtant, cette activité est idéale pour travailler la conscience phonologique en classe. On s’amuse avec les mots, on joue avec les rimes. Dès septembre, j’explique ce qu’est la poésie à mes élèves. Pour ce faire, j’adore le livre « J’aime les poèmes » d’Henriette Major. Je récite à mes élèves le poème « À quoi ça sert, un poème? » et on en discute. Tous les matins, l’ami du jour choisit une page du recueil de poésie « Bêtes » de Guy
Marchamps (encore et toujours notre poète préféré), publié aux éditions de la Bagnole. Je leur lis un poème par jour et on s’amuse à trouver les rimes. Entre temps, on apprend deux poèmes.

Cette année, nous avons appris ABCD de Gilles Vigneault, que nous avons récité collectivement avec les élèves de la classe de ma collègue. Nous avons aussi appris le poème Mois d’automne, trouvé sur Internet.  Pendant trois semaines, les enfants ont ce défi à la maison : apprendre nos 2 poèmes. Mais au bout de quelques jours, ils le connaissent bien.  Entre temps, je leur explique que nous participerons au FIP et que nous irons réciter nos poèmes à l’université, l’école des grands. Je rassure les plus timides : nous les réciterons en groupe, nous serons audacieux en groupe. Plus les jours avancent, plus les enfants ont hâte de participer à l’activité. Bien sûr, les parents sont invités…

Visite d’un poète
Lorsqu’on participe à cette activité, on a droit à la visite d’un poète en classe l’année suivante. Cette année, Claude Paradis (Québec) est venu discuter poésie dans la classe. Les jours précédant, on prépare sa visite : Comment fait-on pour accueillir un invité dans notre classe? Que peut-on faire pour le remercier de venir nous voir? Cette année, nous lui avons fabriqué une carte collective. Une autre année, nous pourrions créer une grande affiche lui souhaitant la bienvenue ou lui écrire un poème…

Juste avant de nous visiter, alors que nous étions en causerie, l’alarme d’incendie a retenti. C’était l’habituelle « pratique de feu ». Même si on savait que ça arriverait bientôt, le son nous a fait sursauter. Plus tard, lorsque nous avons reçu le poète en classe, il nous a expliqué qu’il écrit sur ce qu’il vit, ce qu’il ressent et nous a proposé d’écrire un poème sur l’incident survenu plus tôt. Avec l’aide de M. Paradis, mes élèves ont inventé leur premier haïku :

Assis sur le tapis
Cri d’alarme
Madame Julie ferme les fenêtres


Les élèves ont décidé de l’ajouter aux poèmes à réciter à l’UQTR.

Parce que des chansons, c’est aussi de la poésie

La veille de notre activité Poètes itinérants, un garçon a fait la remarque suivante : « Une chanson, c’est de la poésie avec de la musique. » Il a raison, si on ajoutait de la musique, notre poème serait une chanson. « Peut-être qu’on pourrait ajouter de la musique, Mme Julie? » Je suis d’accord, mais comment peut-on faire? « Sors ton ukulélé! » Oui, mon ukulélé est toujours dans ma classe, pas trop loin. J’ai écouté mes élèves et essayé quelques accords, en leur demandant de bien écouter. F F F C…

Spontanément, nous avons chanté notre poème Mois d’automne. Au dernier ver, un élève a proposé une fin différente. Et jolie. Mais je ne connaissais pas les accords. Nous avons fait appel à notre directeur, qui est également guitariste. Il est venu dans la classe, s’est assis et nous a écouté chanter. Il m’a proposé quelques accords, que j’ai essayés. Après quelques essais, nous avions notre chanson.  Mes élèves, entre eux, se sont dit de ne pas la chanter à la maison, qu’on devait garder notre poème/chanson comme surprise aux parents.

Jeudi le 10 octobre : Jour tant attendu


Le jeudi, en avant-midi, nous avons enfilé nos chandails « Poète au travail » et nous avons marché vers
l’UQTR, avec quelques parents. D’autres nous attendaient à la Chasse-Galerie. Une fois installés sur scène, à 10h, l’heure de la pause des étudiants, nous avons commencé notre présentation. Nous avons d’abord récité notre poème Mois d’automne comme nous l’avions appris, pour ensuite le chanter. (L’avantage du ukulélé, c’est que ça se transporte facilement!) Devant moi, mes élèves (même les plus timides) étaient souriants et m’ont impressionnée. La Chasse-Galerie nous a donné un jus. Les élèves étaient donc fiers!

Lorsque nous avons fait un retour sur l’activité, je sentais mes élèves fébriles. Un par un, ils me disaient ce qu’ils avaient aimé. Par commencer par Marilou, qui a réussi à me donner des frissons :
-          J’ai aimé quand on a fait les poèmes. J’ai vu dans les yeux de mon papa qu’il était surpris et qu’il me trouvait bonne!
-    Oui, ton papa était ému et fier! 

Les autres ont parlé de fierté lorsque les gens les ont applaudis, de sourires, de la surprise de voir grand-maman, de la belle promenade pour se rendre, des toilettes automatiques…

Cette activité, vécue si tôt dans l’année, m’a permis de mieux connaître mes élèves, de créer un sentiment d’appartenance dans le groupe, de pousser nos limites. Le Festival de poésie s’est terminé hier. Nous en gardons un bon souvenir et continuerons cette année de jouer avec les mots.


L’an prochain, ce sera la 30e édition du FIP et la 10e de l’activité Poètes itinérants. Dans ma classe, on fêtera ça en grand! Qui veut se joindre à nous? 


Site officiel du FIP
Poètes itinérants:
En 2013, c'est 351 participants, de la maternelle à l'éducation aux adultes.

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