« Mieux vaut tard que jamais», à ce qu’on dit. En vrac, des
petits morceaux de la causerie organisée par la librairie Pantoute qui a eu
lieu au Morrin Center, à Québec.
Rebecca Dautremer travaille chez elle, à Paris, et collabore
souvent avec son mari, l’auteur Taï-Marc Le Thanh. Ils ont trois enfants. L’été,
elle retourne dans sa région natale.
Sa jeunesse
Rebecca Dautremer a grandi à Gap, une ville de 30 000 habitants
des Hautes-Alpes. Jeune, elle n’avait pas la télévision. Lorsque sa famille s’en
est procuré une, les enfants n’avaient pas le droit de la regarder. Elle a
commencé à dessiner très jeune et dessinait souvent, dans les agendas de l’année
précédente que son père lui récupérait.
Ses études et ses influences
Elle a fait ses études à Paris, aux Arts décoratifs. L’illustration
était assez dénigrée à l’école. L’expression populaire, lorsqu’elle disait
vouloir se spécialiser en illustration était : « Tu vas dessiner des
petits Mickey! ». Plusieurs années plus tard, elle a trouvé un vieux
Mickey Mouse qu’elle a mis sous une cloche de verre dans son salon afin de se souvenir de « l’encouragement » de ses
professeurs.
Elle a suivi des cours de graphisme et c’est à cette époque
qu’elle a découvert une passion pour la photographie. Elle nous a raconté que
les étudiants en illustrations avaient tellement peur de faire niais, de
faire des choses gentilles, qu’il fallait qu’ils fassent des choses bizarres,
gore. Elle a fait son diplôme sur « la représentation de l’intérieur du
corps ».
L’influence de la photographie et du cinéma sont très
présents dans son travail. Depuis L’Amoureux, avant de travailler sur une
illustration, elle place les éléments (dans sa tête) et les met en scène, fait
comme si elle avait un appareil-photo en tournant mentalement autour de la scène,
déplace des éléments, pour prendre la meilleure prise de vue (plongée,
contre-plongée), fait le cadrage, ajuste l’éclairage.
Pour la création d’un livre contenant un nombre considérable
de pages, elle crée d’abord ce qui ressemble à un « story-board ». Sa
formation de graphiste fait en sorte qu’elle s’intéresse à l’ensemble du livre,
à toutes les compositions de toutes les pages.
Sa technique
Elle travaille à la gouache sur du papier aquarelle (qui sent le poisson). Pour
elle, quand les gens développent un style, c’est parce qu’ils se contentent de
faire ce qu’ils savent faire.
Elle ne s’oblige pas de rester fidèle à la réalité. Pour
Cyrano, elle a préféré inventer, et a puisé son inspiration de la culture
japonaise (les vêtements) et la culture maori (le nez tatoué de Cyrano).
Depuis le succès des Princesses inconnues, elle peut faire davantage de livres où elle a carte blanche, comme dans Le grand courant d’air. Plus l’histoire avance, plus elle voulait que le livre ait l’air abimé. Elle a ajouté de la poussière, des cheveux, du pain au chocolat… jusqu’à la fin où un grand courant d’air passe par la fenêtre, que les parents reviennent et que la vie retrouve son calme.
Pour le journal secret du Petit Poucet, elle s’est
amusée à expérimenter. En plus de la gouache, on retrouve du crayonné, du
collage, de la gravure…. Elle voulait qu’on ait l’impression que le livre avait
été trimballé par un enfant. Ainsi, la couverture a été déchirée et recollée,
certaines pages ont subi l’assaut de différents produits (comme du yogourt).
Nous avons sourcillé…
Sur la question de l’échec, Rebecca Dautremer a répondu :
« C’est tellement dur être illustrateur, l’échec, c’est la norme! Quand
on arrive à produire un livre qui se retrouvera, ne serait-ce que deux semaines
sur les tablettes des librairies, c’est déjà un succès.». Et d’ajouter : « Si je vends un
livre QUE à 5000 exemplaires, ben, c’est déjà bien. » J
Ses présents projets:
- Elle travaille sur un projet d'histoires de la Bible, avec Philippe Lechermeier (avec qui elle a collaboré, entre autres, sur les Princesses et le Journal secret du Petit Poucet)
- Le théâtre Amstramgram de Genèse l’a engagée pour faire la décoration de l’entrée. Elle fait des sculptures d’oiseaux en bois et en papier .
- Taï-Marc Le Thanh et Rebecca feront toutes les étapes d’un nouveau film d’animation (elle avait déjà participé à la création du film Kerity, la maison des contes, qui est sorti en 2009). Présentement, ils terminent le scénario d’un film inspiré de leur album Elvis.
- Un groupe hip-hop lui a demandé d’illustrer la couverture de leur nouveau CD.
- Elle illustrera un album pour adulte qui est une adaptation du roman Soie, d’Alessandro Baricco.
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Wow! Excellent compte-rendu! Merci Julie!
RépondreSupprimerCe qui m'a frappé, et qui vaut aussi pour l'écriture, c'est ceci: "Quand les gens développent un style, c’est parce qu’ils se contentent de faire ce qu’ils savent faire."
Très intéressant, ce partage
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