J’ai une confession à vous faire. Je n’ai pas toujours été une grande lectrice. Enfant, j’étais loin d’être une rate de bibliothèque (et j'ai le goût d'ajouter «contrairement à maintenant»). J’avais besoin que ça bouge, je passais beaucoup de temps dehors à faire du sport, j’étais souvent avec mes amis. M’asseoir des heures à lire? Pfff! Il fallait qu’il pleuve, que mes amis soient en visite chez leurs grands-parents et que le livre me passionne vraiment.
Par chance, je réussissais bien à l’école. Le français était même ma matière forte (et ma préférée). Le problème, je crois, c’est que ça n’allait pas assez vite. Je ne lisais pas assez vite. Et les fiches de lecture obligatoires avec questionnaires étaient davantage un éteignoir pour moi qu’un désir de découvrir le plaisir de la lecture.
Je n’étais pas une non-lectrice. J’étais une lectrice occasionnelle… pour autant qu’on arrive à m’accrocher. Je me souviens avoir lu la Comtesse de Ségur, les livres de la Courte échelle (j’ai beaucoup aimé la série Rosalie), mais ce que je lisais le plus, c’était les Astérix. Ne jamais sous-estimer le pouvoir des bandes dessinées. Je n’en lis plus (ou pratiquement plus), mais j’ai la conviction qu’on devrait les exploiter davantage à l’école. Une bonne BD est une passerelle pour faire découvrir le plaisir des livres. D’ailleurs, de plus en plus, on retrouve des livres hybrides : mi-bd, mi-roman.
Il y a quelques années, lors de mon premier atelier d’écriture au Certificat en littérature pour la jeunesse, notre prof nous a demandé d’apporter un livre qui nous a marqués lorsque nous étions enfants. On devait placer en ordre d’importance certains critères qui nous avaient incités à choisir ce coup de cœur plutôt qu’un autre (personnage, intrigue, espace-temps, thème, écriture). J’ai été embêtée lorsque j’ai dû inscrire des numéros de 1 à 5 à côté de ces éléments de l’histoire. C’est que ce choix de livre s’est fait pour une toute autre raison.
Dans ma famille, mes parents nous ont appris très tôt, à ma sœur et moi, que l’argent ne poussait pas dans les arbres. Une année, je me souviens que nous avions eu une Expo-livres à l’école. Pendant la journée, nous circulions avec notre classe pour voir les bouquins que la librairie avait apportés. Nous prenions en note les titres qui nous intéressaient. Des libraires nous présentaient certains livres. Le soir, nous pouvions retourner à l’école pour en acheter. Cette année-là, mes parents m’avaient donné un billet de 10$. Je devais faire le choix d’un seul livre. J’ai choisi Clément aplati de Jeff Brown, illustré par Tony Ross. Je l’ai encore. Je l’aime encore. Est-il plus exceptionnel que d’autres romans lus à la même époque? Sans doute pas. Ce roman de 63 pages trône encore fièrement dans ma bibliothèque pour la simple raison que je l’ai choisi. (Sans doute aussi, le hasard a-t-il bien fait les choses!)
Parfois, il y a des modes de séries dans les classes. Quelques élèves découvrent un personnage, le font découvrir aux autres. C’est génial! Certains parents, plein de bonnes intentions, achètent la série complète à leur enfant. Si l’enfant est un bon lecteur, il la lira. Le parent de l’enfant non-lecteur, voyant que son petit a un intérêt pour ce personnage, fier que son fils ou sa fille ait enfin un intérêt pour la lecture, sera tenté de lui acheter la série complète. Attention! Danger! L’enfant a-t-il vraiment un intérêt pour ces livres ou veut-il faire comme les autres (effet d’entraînement, de mode)? S’il désire posséder ces livres pour faire comme ses amis (collectionner des livres comme d'autres collectionnent des cartes de hockey), j’ai peur qu’il se décourage en essayant de lire un bouquin trop difficile pour lui. S’il découvre qu’il aime vraiment ce premier tome et qu’il veut continuer de lire la série, le parent pourra aller acheter les autres titres au fur et à mesure des lectures de leur enfant. L’intérêt sera soutenu, car le livre sera toujours nouveau. Peut-être qu’à un moment, il découvrira un autre roman qui le passionnera davantage et changera de série. C’est la vie!
Un petit pas à la fois
Lorsqu’on a un obstacle à surmonter, il suffit d’y aller un petit pas à la fois. C’est bon pour tous les aspects de la vie. Pour amener un jeune à lire, ne sautons pas d’étapes, allons-y un petit pas à la fois et ne perdons pas espoir. Il arrive que les ailes d’un lecteur du dimanche se déploient, qu’il prenne son envol pour devenir un amoureux des livres pour la vie. (Si vous ne me croyez pas, demandez aux employés de ma bibliothèque municipale…)
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